L'armée yéménite s'est déployée samedi dans la ville de Houta, dans la province de Chabwa (sud-est), dont elle affirme avoir repris le contrôle au terme de combats avec des membres présumés d'Al-Qaïda qui s'y étaient retranchés pendant une semaine.

«L'armée contrôle totalement Houta. Elle y a installé trois barrages militaires et elle encercle une montagne surplombant la ville et vers laquelle se sont enfuis des terroristes», a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Les forces gouvernementales sont entrées vendredi dans la ville au terme de combats au cours desquels «un militaire a été blessé et deux maisons ont été endommagées», a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat.

La reconquête de la ville a été annoncée par un porte-parole du ministère de l'Intérieur. «Les forces de sécurité, soutenues par des unités de l'armée, ont réussi vendredi à l'aube à nettoyer la ville de Houta des éléments terroristes du réseau Al-Qaïda qui y étaient retranchés» depuis le 18 septembre, a-t-il indiqué dans un communiqué cité par les médias officiels.

Les forces gouvernementales pourchassaient «les éléments terroristes qui se se sont enfuis vers les régions montagneuses entourant la ville», a ajouté le porte-parole dont le communiqué a été publié par l'agence officielle Saba.

Entre 80 et 100 combattants présumés d'Al-Qaïda s'étaient retranchés à Houta et dans les zones montagneuses qui la surplombent, avait indiqué un responsable local.

Samedi, les forces gouvernementales procédaient à des opérations de ratissage dans les quartiers de Houta pour préparer le retour des habitants que le conflit avait contraint à quitter la ville, selon le responsable des services de sécurité.

Sur les quelque 20.000 habitants de Houta, 8000 à 12 000 avaient fui la ville pour trouver refuge dans les alentours, a indiqué mardi le Croissant-Rouge yéménite.

Le nombre des déplacés a été estimé à au moins 4000 personnes par le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui s'est dit vendredi «préoccupé par la sécurité et la protection de la population touchée» par ce conflit.

Les déplacés ont commencé en milieu de journée à regagner Houta. «Je suis aux abords de la ville», a déclaré à l'AFP Saleh Aram qui espère pouvoir revenir dans sa maison avec sa femme et ses six enfants.

«Mais nous avons très peur», a ajouté M. Aram qui, contacté au téléphone depuis Aden, décrit comme «sans précédent» l'impressionnant déploiement militaire à Houta.

«J'espère qu'il n'y aura plus de combats et qu'il n'y aura plus d'éléments d'Al-Qaïda ou de l'armée dans notre ville car nous voulons vivre en paix», a ajouté cet habitant.

Certains déplacés ont accueilli avec circonspection les circonstances de la reconquête de Houta. «Je suis surpris par l'annonce subite des autorités que les combattants armés ont fui (...) sans résistance», a déclaré un chef tribal, qui a requis l'anonymat.

L'annonce de la reprise de Houta est survenue au moment où se tenait à New York une réunion des «Amis du Yémen», un forum des donateurs. Au terme de cette réunion le ministre britannique du Développement international, Alan Duncan, a averti que le Yémen, État le plus pauvre du monde arabe, sera source «de très grands dangers» si le monde n'empêche pas son effondrement.

Samedi, une attaque par deux hommes armés contre un bus des services de renseignement yéménites à Sanaa a fait dix blessés, dont deux grièvement, parmi les agents de ces services, selon une source des services de sécurité.

Cette source a soupçonné Al-Qaïda d'en être responsable. Le réseau extrémiste est très actif au Yémen où il a multiplié les attaques contre la police et les forces armées.