Emprisonné en Iran depuis deux ans, le blogueur irano-canadien Hossein Derakhshan était un peu tombé dans l'oubli depuis quelques mois. Mais cette semaine, alors que ses parents apprenaient que la peine de mort pourrait lui être imposée, la grande blogo-sphère s'est lancée en croisade pour obtenir sa libération.

En moins d'une journée, plus de 1700 personnes ont signé une pétition et des milliers d'autres ont rejoint une page Facebook demandant aux autorités iraniennes de remettre en liberté le jeune homme de 35 ans.

Les organisation Reporters sans frontières et Internet sans frontières, ainsi que le Comité pour la protection des journalistes ont aussi exprimé leur indignation. Leur faisant écho, le gouvernement du Canada et le maire de Paris, Bertrand Delanoë ont aussi demandé la mise en liberté du blogueur.

Tout comme des centaines de prisonniers politiques, M. Derakhshan est détenu depuis novembre 2008 à la prison d'Evin de Téhéran. C'est dans cette prison au lourd passé que la photojournaliste montréalaise Zahra Kazemi a été tuée en 2003.

«Notre chargé d'affaires à Téhéran suit de près le dossier, mais nous n'avons toujours pas obtenu d'accès consulaire à M. Derakhshan», déplorait hier la porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Catherine Loubier.

Parrain des blogueurs

Dans la blogosphère iranienne, qui a été au coeur de la contestation politique contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad l'an dernier, Hossein Derakhshan, connu sous le nom de Hoder, est une figure de proue. Cela lui a d'ailleurs valu le surnom de blogfather, ou «parrain du blogue».

Ses opinions ont souvent soulevé la controverse. À plusieurs reprises, il a pourfendu la lauréate iranienne du prix Nobel Shirin Ebadi et loué les décisions du président ultraconservateur. Ayant vécu à Paris et à Toronto avant de faire un retour en Iran en 2008, il a aussi affiché sur le web son amour du vin rouge et raconté en long et en large des «missions de paix» qu'il a effectuées seul en Israël en 2006 et 2007.

Selon les organisations de défense des droits des journalistes, le célèbre blogueur a été jugé l'été dernier dans un procès au cours duquel il a été accusé de «collaboration avec des États ennemis» de l'Iran, d'insulte à l'islam et de propagande anti-iranienne, crimes passibles de la peine de mort. En 2008, un autre blogueur, Yaghoub Mehrnahad, a été exécuté par la justice iranienne.