Israël, sous pression internationale, s'est dit prêt vendredi à un «compromis» sur la construction dans les colonies de Cisjordanie, faute de quoi les négociations de paix avec les Palestiniens risquent de capoter moins d'un mois après leur lancement à Washington.

Toutefois, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, également soumis à la pression concurrente du lobby de la colonisation, a exclu un gel total de la colonisation que réclament les Palestiniens.

«Israël est disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties, étant entendu qu'il ne peut y avoir zéro construction» dans les colonies, a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental, en réponse à une question sur la fin du gel partiel et temporaire de la colonisation juive décrété en novembre dernier.

Le premier ministre «déploie des efforts intensifs pour parvenir à un tel compromis avant l'expiration du moratoire le 26 septembre», a ajouté ce responsable, soulignant que «les États-Unis sont très impliqués dans cette recherche d'un compromis».

«Dans ce contexte, le premier ministre a demandé à Yitzhak Molcho (le chef des négociateurs israéliens) de prolonger son séjour aux États-Unis» pour parvenir à un accord, a-t-il précisé.

Réaffirmant jeudi à l'ONU la position des États-Unis, le président Barack Obama a affirmé que «le moratoire devrait être prolongé».

Par ailleurs, M. Nétanyahou s'est entretenu «ces derniers jours à ce sujet, notamment avec la secrétaire d'État Hillary Clinton, le vice-président Joe Biden, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec George Papandreou», a indiqué le responsable israélien.

Selon les médias israéliens, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui se trouve aux États-Unis, est également en contact avec des responsables américains et palestiniens pour tenter de parvenir à une formule de compromis.

M. Barak, représentant du Parti travailliste (centre-gauche) au sein de la coalition gouvernementale de droite, a la possibilité de freiner de facto la colonisation puisqu'il revient au ministère de la Défense de donner en dernier ressort le feu vert aux mises en chantier.

Le moratoire, d'une durée de dix mois, avait été annoncé le 25 novembre 2009 par M. Nétanyahou. Il porte sur les implantations de Cisjordanie occupée, où habitent quelque 300 000 colons israéliens mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés auparavant, ni sur la construction des bâtiments publics (écoles, synagogues, etc.), ni sur Jérusalem-Est.

Les représentants des colons israéliens de Cisjordanie ont vivement dénoncé l'appel du président Obama à une prolongation du moratoire. Ils ont annoncé que dès dimanche à minuit ils lanceraient une série d'appels d'offres pour une reprise à grande échelle de la construction.

Le Conseil des localités juives de Judée-Samarie (Yesha, principal organisme représentatif des colons), a accusé le président américain «d'avoir cédé aux menaces des Palestiniens de quitter la table des négociations si leurs conditions préalables ne sont pas remplies».

Dans le sens opposé, le ministre travailliste des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a menacé vendredi à la radio publique d'un départ du gouvernement de son parti si les négociations étaient torpillées du fait de l'intransigeance israélienne.

«Il faut trouver une solution provisoire qui impliquerait que les Palestiniens ferment les yeux un temps sur une reprise relative des constructions», estime vendredi le journal gratuit Israël Hayom, proche du Premier ministre.

Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas a de nouveau fait savoir jeudi qu'il se retirerait des négociations de paix directes avec les Israéliens, si la construction reprend dans les colonies de Cisjordanie occupée.

«Je n'ai qu'un mot à dire: si la colonisation ne s'arrête pas, les négociations s'arrêteront», a déclaré M. Abbas au cours d'une rencontre à New York avec des représentants de la communauté palestinienne.