Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a affirmé jeudi que la stratégie américaine pour l'Afghanistan devrait rester sensiblement la même en décembre après un état des lieux effectué par les autorités.

«D'après les conversations que j'ai eues, je n'ai pas le sentiment que des décisions ou des changements aient des chances de se produire» dans le cadre de cet état des lieux, a dit M. Gates au cours d'une conférence de presse.

«J'imagine que nous allons trouver des points sur lesquels nous pourrons faire des ajustements et des petites modifications pour essayer d'améliorer les choses», a ajouté le secrétaire à la Défense.

Ces remarques semblent indiquer que le président Barack Obama est décidé à poursuivre sa stratégie, malgré une hausse du nombre de victimes et un net déclin du soutien de l'opinion après neuf ans de conflit.

Le président américain a réclamé ce réexamen de la situation en décembre, soit un an après l'annonce de sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan, prévoyant l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires.

L'Otan doit aussi évaluer la stratégie afghane lors d'un sommet à Lisbonne en novembre.

L'amiral Michael Mullen, chef d'état-major interarmées américain, est allé dans le même sens que M. Gates, jugeant que l'évaluation de décembre devrait adouber la stratégie actuelle.

«Je pense qu'il peut sûrement y avoir des ajustements, mais nous pensons que la stratégie est bonne», a-t-il déclaré au cours de la même conférence de presse.

Ces propos surviennent alors qu'un livre à paraître du journaliste vedette Bob Woodward a fait état de fortes dissensions internes sur la question afghane dans les hautes sphères de l'administration depuis l'élaboration de la stratégie.

Le livre affirme notamment que le président Obama en élaborant cette stratégie en 2009, a cherché un moyen de quitter au plus vite l'Afghanistan, sur fond de querelles entre ses conseillers et de requêtes de l'armée pour plus de troupes.

M. Gates a minimisé jeudi l'importance des tensions au sein de l'administration, assurant que les relations entre les hauts responsables étaient «harmonieuses».

La stratégie afghane est destinée à chasser les insurgés des grandes villes du sud et de l'est, tout en renforçant les forces de sécurité afghanes, de façon à permettre un début de retrait des troupes américaines en juillet 2011.

M. Gates et les hauts responsables militaires estiment qu'il y a des signes de progrès dans le pays.

Mais depuis un an au moins, les opinions publiques au sein de la quarantaine de pays qui composent la coalition internationale présente dans le pays, États-Unis en tête, sont devenues majoritairement hostile à l'envoi de leurs soldats dans ce qui apparaît de plus en plus comme un bourbier sanglant.

L'année 2010 est d'ores et déjà la plus meurtrière pour les Américains et leurs partenaires en presque 9 ans de guerre.

Plus des deux tiers des quelque 141 000 soldats des forces internationales en Afghanistan viennent des États-Unis et les renforts dépêchés essentiellement par Washington ces derniers mois devaient porter cet effectif à 150 000 hommes.