Les États-Unis doivent relâcher les Iraniens qu'ils détiennent sur leur sol et ailleurs en échange de la libération cette semaine de la randonneuse américaine Sarah Shourd, a déclaré vendredi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

«On ne s'attend à rien en échange de (...) (la libération de Sarah Shourd), mais naturellement et moralement il est attendu du gouvernement américain qu'il fasse un geste et libère plusieurs Iraniens qu'il a attrapés en Thaïlande, Géorgie et ailleurs ou aux États-Unis pour avoir exporté certaines marchandises», a dit M. Ahmadinejad lors d'une entrevue avec la télévision d'Etat.

Sarah Shourd, âgée de 32 ans et malade, est sortie mardi de la prison d'Evine (nord de Téhéran) contre caution après plus d'un an de captivité et a été emmenée à Mascate à bord d'un avion appartenant au sultan d'Oman.

Elle avait été arrêtée le 31 juillet 2009 en compagnie de deux autres Américains, Josh Fattal et Shane Bauer, après qu'ils eurent franchi la frontière avec l'Irak. Ces deux derniers sont toujours détenus en Iran.

Les autorités iraniennes les ont tour à tour accusés d'espionnage et d'entrée illégale sur le territoire iranien.

«La République islamique a agi de manière unilatérale, (comme) un acte humanitaire. On espère qu'ils (les États-Unis) apprécient (notre) action et feront un geste humanitaire», a dit Ahmadinejad, ajoutant que le souverain d'Oman avait déployé «beaucoup» d'efforts pour aider à la libération de Sarah Shourd.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton avait estimé auparavant vendredi que la libération de MM. Fattal et Bauer constituerait un «geste humanitaire d'une importance considérable» de la part de l'Iran.

Selon les médias iraniens, les États-Unis détiennent une dizaine d'Iraniens, certains d'entre eux étant emprisonnés dans des pays étrangers à la demande de Washington.

Parmi eux figurent l'ancien vice-ministre de la Défense Ali Reza Asgari disparu en Turquie en février 2007, ou Amir Hossein Ardebili, un «homme d'affaires» disparu il y a deux ans en Géorgie.

Washington avait reconnu le 2 décembre détenir M. Ardebili, accusé de trafic d'armes au profit de l'Iran, mais n'a en revanche pas confirmé détenir M. Asgari.

En janvier, l'Iranien Omid Khalili a été accusé d'avoir exporté illégalement vers l'Iran des pièces détachées d'avion de chasse américain, selon le Département de la Justice américain.

Il avait été arrêté en mars à son arrivée à Miami (sud) et plaidé coupable.

Les médias avaient indiqué plus tôt que, selon des documents judiciaires, M. Khalili travaillait «activement avec le gouvernement iranien pour procurer des articles militaires».

Téhéran avait en outre accusé les États-Unis d'avoir enlevé un scientifique, Shahram Amiri, disparu en juin 2009 en Arabie Saoudite.

M. Amiri a refait surface en juillet dernier aux États-Unis qui l'ont autorisé à rentrer en Iran.

L'Iran et les États-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis plus de trente ans.

L'Iran est dans le collimateur des États-Unis et d'une partie des pays occidentaux en raison de son programme nucléaire civil suspecté de cacher un volet militaire, ce que dément fermement Téhéran.