Le secrétaire à la Défense Robert Gates a tenu vendredi à conclure sur une note positive à propos de la guerre en Afghanistan, après avoir rencontré les soldats américains dans le sud de ce pays, qualifiés de «fer de lance» dans le combat contre les talibans.

M. Gates a passé la journée dans la province de Kandahar, tentant de galvaniser les GI's au moment où les insurgés infligent aux Américains leurs plus lourdes pertes.

«Je termine ma visite de ce matin ici en étant encouragé», s'est-il exclamé devant la presse. «Tout le monde sait qu'on est loin d'en avoir fini; mais que ces jeunes hommes et femmes aient confiance dans le fait qu'ils puissent réussir me rend aussi confiant.»

Les soldats des États-Unis représentent plus des deux tiers des quelque 150 000 militaires des forces internationales, pour l'essentiel sous la bannière de l'Otan.

Le chef du Pentagone, en visite surprise depuis jeudi en Afghanistan, s'est d'abord rendu sur une petite base avancée de la force de l'Otan (Isaf) dans la province de Kandahar, principal bastion des talibans.

«Vous êtes assurément sur la ligne de front», a lancé M. Gates à une centaine de soldats américains qui tiennent cette base située dans la banlieue de la grande ville de Kandahar, capitale de la province, une unité qui a récemment perdu huit hommes au combat.

Geoff Morrell, porte-parole du Pentagone, a estimé au cours de ce voyage que les soldats dans la province de Kandahar étaient «le fer de lance» des troupes engagées dans le combat contre les talibans.

En plus de trois ans, l'insurrection des talibans s'est considérablement intensifiée et étendue à la quasi-totalité du pays, et les rebelles infligent de plus en plus de pertes aux troupes étrangères.

Au bout de huit mois seulement, 2010 est devenue l'année la plus meurtrière pour les forces américaines qui ont déjà perdu en Afghanistan 326 soldats depuis le 1er janvier sur les 493 soldats tués dans les rangs des forces internationales.

L'année 2009, avec 521 morts, avait déjà été de très loin l'année la plus meurtrière pour les forces internationales.

En une semaine, 28 soldats américains ont péri, la majorité dans le sud, dans l'explosion de mines artisanales, l'arme de prédilection des talibans, ou dans des attaques.

«Cela a été une semaine très dure pour vous tous», a lâché M. Gates devant les militaires.

Cette hécatombe survient à un moment où, sous la pression d'une opinion publique de plus en plus opposée à l'envoi des «boys» en Afghanistan, le président Barack Obama a répété mercredi que le retrait des troupes américaines commencerait bien à l'été 2011 comme il l'avait promis en décembre, après l'envoi de quelque 30 000 hommes en renforts pour tenter d'inverser le cours de la guerre.

Ces effectifs supplémentaires sont quasiment tous arrivés en Afghanistan, a indiqué jeudi M. Gates.

La visite de M. Gates intervient aussi sur fond de critiques grandissantes des «bavures» des forces internationales.

Quelques heures après son arrivée à Kaboul jeudi, le président afghan Hamid Karzaï, arrivé au pouvoir à la fin 2001 avec le soutien des États-Unis, avait «fermement condamné» un bombardement de l'Otan qui a, selon lui, frappé le convoi d'un candidat en campagne pour les élections législatives dans le nord, tuant dix civils et blessant le candidat.

Le chef du Pentagone lui a opposé la version de l'Otan, qui affirme avoir bombardé un convoi transportant un responsable du Mouvement islamique d'Ouzbébistan (IMU), un groupe rebelle islamiste basé dans ce pays et allié à Al-Qaïda. «C'est la première fois que j'entends parler de victimes civiles et nous allons étudier cela», a toutefois ajouté M. Gates.

L'Isaf a annoncé une enquête sur le bombardement.