Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a posé la main sur l'épaule du président palestinien Mahmoud Abbas après avoir promis mercredi qu'il travaillerait avec lui pour la paix, mais est-il prêt à aller jusqu'au bout pour parvenir à un accord ? La question reste posée.

S'exprimant à la Maison-Blanche à la veille de la relance formelle jeudi des pourparlers de paix directs israélo-palestiniens après 20 mois d'interruption, M. Nétanyahou a qualifié Mahmoud Abbas de «partenaire pour la paix» et a parlé avec éloquence d'un «compromis pour la paix».

«Nous recherchons une paix qui mettra fin au conflit une fois pour toutes. Nous recherchons une paix qui durera des générations», a-t-il dit.

Ces paroles, et la poignée de main chaleureuse échangée avec M. Abbas en ont surpris plus d'un de la part de M. Nétanyahou, connu pour ses positions de «dur».

Des doutes subsistent en effet sur sa volonté de faire les concessions nécessaires pour arriver à un accord avec les Palestiniens, en particulier sur le sujet épineux du partage de Jérusalem et de ses lieux saints, et du démantèlement des colonies israéliennes en Cisjordanie.

Car M. Nétanyahou est non seulement un homme dont la vision du monde est ancrée à droite, mais aussi un politicien roué, habile à se tenir en équilibre entre la ligne dure de ses partisans et les pressions de la communauté internationale.

Les interrogations sur ses intentions viennent aussi du fait qu'au cours des mois qu'ont duré les pourparlers indirects, il a refusé de faire part de sa vision de ce que devrait être un accord avec les Palestiniens.

«Avant tout, la réunion de Washington est un test de leadership» pour M. Nétanyahou», écrit l'influent quotidien israélien Haaretz dans un éditorial. «Il est temps pour le premier ministre de faire part de son plan pour un accord sur le statut final».

La question est aussi de savoir s'il est politiquement en mesure de parvenir à un accord: sa coalition de droite comprend des nationalistes, des partis représentant les colons et les religieux, qui préféreraient probablement quitter le gouvernement plutôt que d'approuver un compromis territorial étendu. Il est aussi en butte à une opposition au sein même de son parti, le Likoud.

Mais, selon les observateurs, il dispose d'une marge de manoeuvre.

«Je ne pense pas qu'il soit aussi faible que beaucoup le disent», estime l'analyste politique Mark Heller, de l'université de Tel Aviv. «S'il le voulait, il pourrait rallier (le parti centriste) Kadima, donc il a le choix».

Les analystes voient aussi des signes encourageants dans le fait qu'il a décidé de mener les négociations personnellement. «S'il n'était pas sincère,  il lui serait facile d'envoyer une armée de diplomates avec leurs mallettes à la conférence et il y aurait une collision diplomatique en cinq minutes», souligne David Makovsky, de l'Institute for Near East Policy, un groupe de réflexion de Washington.

Cet analyste a également «trouvé encourageant qu'il parle d'Abbas comme d'un partenaire. C'est un choix de mot important, car pendant des années en Israël le Likoud a dit qu'il n'y avait pas de partenaire pour la paix».

Les questions sur la table des négociations parrainées par les États-Unis --le statut de Jérusalem, la sécurité, les frontières d'un État palestinien et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens -- n'ont jamais trouvé de solution au cours des précédentes tentatives.

Mais cette fois, M. Nétanyahou s'est montré optimiste. «Il y a beaucoup de sceptiques, il y a beaucoup de raisons à ce scepticisme (...) mais je n'ai aucun doute sur le fait que la paix est possible», a-t-il dit.

Le résultat montrera s'il parvient à se transformer de politicien en homme d'État capable d'atteindre le «compromis historique» dont il a parlé.