Le président afghan Hamid Karzai a accusé jeudi les forces de l'OTAN d'avoir commis une nouvelle bavure en bombardant le convoi d'un candidat aux élections parlementaires dans le nord du pays, tuant dix personnes, un incident qu'il a «fermement condamné».

L'OTAN a de son côté affirmé que le bombardement avait visé un convoi transportant un membre du Mouvement islamique d'Ouzbébistan (IMU), un groupe rebelle islamiste basé dans ce pays et allié à Al Qaïda.

Selon la présidence afghane, l'OTAN a bombardé trois véhicules transportant des partisans d'un candidat aux élections législatives dans le district de Rustaq de la province de Takhar.

«Dix membres de l'équipe de campagne ont été tués et deux autres blessés», a-t-elle indiqué dans un communiqué confirmant des accusations lancées un peu plus tôt par les autorités de la province.

«Dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, les partisans de la démocratie doivent être distingués de ceux qui la combattent», a regretté M. Karzai, cité par le communiqué.

«Une fois encore, les bombardements aériens sur des villages afghans n'apporteront rien d'autre à la guerre contre le terrorisme que le meurtre de civils afghans», a ajouté le président afghan, qui dénonce régulièrement les victimes civiles des opérations de l'OTAN.

La «caravane» de voitures d'Abdul Wahed Khurasani, candidat local aux législatives du 18 septembre, a été prise pour cible «par des hélicoptères d'assaut et des avions de chasse» de l'OTAN, avait annoncé un peu plus tôt à l'AFP le porte-parole du gouvernement de Takhar, Faïz Mohammad Tawhedi.

Le candidat lui-même a été blessé par la frappe, avait-il ajouté.

Les véhicules bombardés «ne se trouvaient pas à proximité d'une zone habitée» et «la frappe aérienne, menée après plusieurs jours de surveillance des rebelles, n'a atteint que le véhicule visé», a répondu dans un communiqué un responsable de l'état major de l'OTAN, le général David Garza.

Le membre de l'IMU visé serait le «vice-gouverneur fantôme» de Takhar, ajoute-t-il, en référence à l'administration parallèle installée par les talibans et leurs alliés dans de nombreuses provinces afghanes.

Takhar fait partie de ces provinces du nord afghan où les rebelles ont étendu leur influence ces derniers mois, alors que ces bastions des combattants anti-talibans de l'ancienne alliance du Nord étaient jusque là plutôt épargnées par les combats et violences.

Les forces internationales de l'OTAN en Afghanistan, aux deux tiers américaines, sont régulièrement accusées par les autorités locales de tuer des civils lors de leurs opérations aériennes ou au sol contre les rebelles talibans, ce qu'elles reconnaissent parfois après enquêtes.

La mort de ces civils nourrit le ressentiment de la population à l'égard des forces étrangères, neuf ans après leur arrivée dans le pays.

Malgré la présence en Afghanistan de quelque 150 000 soldats étrangers, dont plus des deux tiers sont américains, l'insurrection des talibans s'intensifie et gagne du terrain depuis trois ans.

Lors d'une récente rencontre avec des parlementaires américains à Kaboul, le président Karzai avait estimé que le fait que «des civils soient tués» par la coalition en Afghanistan était l'une des raisons de «l'absence de progrès» dans la «guerre contre le terrorisme».