Le gouvernement iranien «n'approuve pas» les insultes de certains medias iraniens contre l'épouse du président français Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast.

Le quotidien ultra-conservateur Kayhan avait assimilé samedi Carla Bruni à une «prostituée» en raison de sa vie privée jugée «immorale», après que l'épouse de Nicolas Sarkozy a pris la défense d'une Iranienne condamnée à mort par lapidation dans une affaire d'adultères et de meurtre.

Le journal, coutumier de propos insultants à l'égard de responsables iraniens ou étrangers, est revenu à la charge mardi dans un article évoquant  «l'indignation de cette prostituée italienne» après l'article du journal samedi.

«La République islamique n'approuve pas l'insulte contre les responsables des autres pays», a déclaré M. Mehmanparast interrogé sur ces commentaires lors de son briefing hebdomadaire.

«J'espère que tous les médias feront attention», a-t-il poursuivi. «On peut critiquer la politique hostile de certains pays ou le comportement des responsables d'autres pays et exprimer notre protestation, mais il ne faut pas utiliser des mots insultants. Cela n'est pas correct».

La presse iranienne s'est gardée d'emboîter le pas à Kayhan, poursuivi régulièrement devant les tribunaux pour ses outrances verbales.

Mais le site internet du groupe de presse gouvernemental Iran, www.inn.ir, a relancé l'affaire en écrivant lundi que «les médias occidentaux, en détaillant ses nombreux antécédents d'immoralité, ont implicitement confirmé que (Carla Bruni) méritait ce titre» de prostituée donné par Kayhan.

«Les antécédents (de Carla Bruni) montrent clairement pourquoi cette femme immorale a apporté son soutien à une femme condamnée pour avoir commis des adultères et été complice du meurtre de son mari», a ajouté le site.

Mme Bruni-Sarkozy avait affirmé le 23 août dans une lettre ouverte que «la France n'abandonnera pas» Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, mère de famille de 43 ans condamnée à mort par lapidation dans une affaire mêlant, selon la justice, des adultères et le meurtre de son mari.

Téhéran a annoncé début juillet la «suspension» de la sentence de lapidation et la révision du cas de Mme Mohammadi-Ashtiani, dont la situation a provoqué une intense émotion dans les pays occidentaux et notamment en Europe.

Les propos outranciers et injurieux de Kayhan contre des personnalités iraniennes ou étrangères lui ont valu de nombreux procès parfois retentissants. Le dernier en date, en février, a réuni deux personnalités aussi différentes que le prix Nobel de la paix Shirine Ebadi et le chef de cabinet du président Mahmoud Ahmadinejad Rahim Machaie, qui ont été déboutés.

Le site internet conservateur Asriran avait critiqué lundi l'article de Kayhan, estimant que «les médias iraniens qui se réclament de la culture islamique et iranienne doivent se montrer courtois dans leurs commentaires, même s'ils concernent des ennemis». «Les excès d'un journaliste ou d'un journal ne représentent pas l'opinion du gouvernement ni du peuple iranien», avait-il ajouté.