Pour que l'administration Obama parvienne à relancer cette semaine à Washington le processus de paix israélo-palestinien, il faudra qu'elle se tienne prête à intervenir pour proposer des compromis dans les discussions directes entre Israël et Palestiniens, d'après les analystes.

En annonçant la tenue de ces négociations directes, à partir de jeudi à Washington, l'envoyé spécial de Barack Obama au Proche-Orient, George Mitchell avait assuré que les États-Unis seraient «des partenaires actifs».

Il avait promis que Washington ferait «des propositions de conciliation» si les discussions venaient à bloquer.

De fait, pour Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur américain en Israël et en Égypte aujourd'hui professeur à Princeton, le degré d'intervention de l'administration Obama sera «le seul et le plus important indicateur du sérieux de cette nouvelle série de négociations».

La reprise d'un dialogue direct entre le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas succède à plusieurs mois de négociations indirectes infructueuses.

Menées par George Mitchell, ces discussions indirectes ont montré, selon les experts interrogés par l'AFP, que les États-Unis ont tardé à réagir et se sont montrés réticents à émettre leurs propres idées pour sortir de l'impasse.

«Nous savons par expérience que si nous laissons les deux parties toutes seules, il n'y a aucun moyen qu'ils surmontent leurs divergences», assure M. Kurtzer à l'AFP.

Pressé par les États-Unis, Mahmoud Abbas a finalement accepté de parler directement avec les Israéliens après avoir dit qu'il refuserait tant qu'Israël n'avait pas arrêté la colonisation des territoires occupés.

En novembre, M. Nétanyahou avait prononcé un moratoire de 10 mois sur la colonisation en Cisjordanie mais pas à Jérusalem est. À moins qu'il ne le renouvelle, le moratoire expire le 26 septembre.

George Mitchell va devoir se montrer un «habile diplomate» pour contourner les réticences de M. Nétanyahou à renouveler le moratoire et les menaces de M. Abbas de quitter la table des négociations si la colonisation reprend, explique à l'AFP Robert Danin du Council of Foreign relations, un think tank à Washington.

«Il est très difficile de concilier ces deux perspectives mais ce n'est pas impossible», a-t-il évalué. Dans le même temps MM. Abbas et Nétanyahou vont devoir accepter «une solution imparfaite» pour que les négociations se poursuivent.

Si George Mitchell et son équipe, soutenu par le président Obama et sa secrétaire d'État Hillary Clinton, présentent des propositions détaillées de compromis lorsque les discussions achoppent, ces négociations pourraient constituer «un degré d'engagement supplémentaire et sans précédent» pour les États-Unis, a ajouté M. Danin.

L'implication directe des États-Unis dans les négociations de paix israélo-palestiniennes s'est accrue lentement ces 20 dernières années, rappelle à l'AFP Michele Dunne, ancienne spécialiste du Moyen-Orient au département d'État et à la Maison-Blanche, aujourd'hui experte à Washington pour le Carnegie Endowment for International peace.

«Le levier dont les États-Unis disposent dépend de leur degré d'implication dans les discussions», a-t-elle analysé, jugeant que leur stratégie sera probablement de «calibrer» chaque intervention et chaque retrait et de se servir de cette double approche comme une «menace» pour obliger les parties à avancer.