Des dizaines d' attentats apparemment coordonnés ont frappé les forces de sécurité à travers l'Irak mercredi, faisant au moins 56 morts, au moment où les effectifs militaires américains viennent de passer sous la barre des 50 000, pour la première fois depuis le début de la guerre en mars 2003.

L'insurrection a multiplié les attaques contre les forces de sécurité irakiennes ces derniers mois, à mesure que les États-Unis réduisaient leur présence dans le pays, et plus de la moitié des personnes tuées mercredi étaient des soldats ou des policiers irakiens, selon des sources policières et hospitalières.

Ces attentats n'ont pas été revendiqués mais leur ampleur et la multitude de cibles est une démonstration de force de l'insurrection, qui profite de ce que l'armée, la police et les responsables politiques s'occupent de la gestion et la stabilité du pays au jour le jour.

L'attentat le plus meurtrier s'est produit à Kout, localité de l'est du pays située à 160 km au sud-est de Bagdad. Au moins 19 personnes, dont 15 policiers, ont été tuées dans un attentat-suicide à la voiture piégée contre une barrière de sécurité située entre un poste de police et le siège du gouvernement régional. On dénombrait aussi quelque 90 blessés.

Une attaque similaire dans le nord de Bagdad a fait 15 morts, dont six policiers, et 58 blessés dans le stationnement d'un poste de police. Des bâtiments se sont effondrés sur leurs occupants.

Cinq autres personnes, dont un soldat et un policier, ont également été tués dans plusieurs autres attaques dans la capitale.

À 90 km au nord-est de la capitale, à Myqdadiyah, une voiture piégée a tué trois civils près des bâtiments du conseil municipal; à Kirkouk, Mossoul (nord), Iskandariyah et Dujail (centre), des voitures piégées ont tué six personnes et fait 29 blessés. À Takrit (centre-nord), une bombe a tué un policier sur une route.

Dans la ville sainte chiite de Kerbala (centre), à 80 km au sud de Bagdad, une voiture piégée a fait 28 blessés près d'un poste de police; à Fallujah (centre), un soldat a aussi péri dans un attentat-suicide à la voiture piégée contre un convoi de l'armée; à Bassorah (sud), une voiture piégée a blessé deux personnes.

Si la violence a largement reculé depuis les sommets atteints dans les attaques interreligieuses de 2006 et 2007, l'insurrection continue de prendre pour cible les forces de sécurité irakiennes, sapant leur capacité à défendre le pays au moment où les Américains mettent fin à leurs opérations de combat. La police et l'armée sont attaquées quotidiennement, tandis que l'on note une recrudescence des attaques criminelles ces dernières semaines.

Mercredi, une bombe a explosé près d'une banque du centre de Bagdad, blessant six retraités venus chercher leur pension, selon la police. De récentes attaques de banques, de bijoutiers et bureaux de change à travers le pays suggèrent que l'insurrection liée à Al-Qaïda pourrait chercher de cette façon à recharger ses coffres pour financer ses attentats.

Un haut responsable du renseignement irakien ayant requis l'anonymat a suggéré que certains attaquants pourraient avoir obtenu de l'aide de l'intérieur: l'attentat-suicide de Bagdad porte la marque d'Al-Qaïda, mais des factions politiques pourraient avoir aidé à coordonner certaines autres opérations, a-t-il estimé, sans fournir plus de précisions.

Faute de vainqueur net aux élections législatives du 7 mars, les partis politiques se disputent    -pacifiquement- le pouvoir, au risque que cette paralysie politique ne profite à l'insurrection. Le ministre des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a estimé que cette situation, combinée au retrait américain, avait créé les conditions idéales pour des attaques, mais la situation est «sous contrôle», a-t-il assuré. À Mossoul, la police a affirmé que des soldats avaient tué un kamikaze avant qu'il ne fasse sauter sa voiture devant une base militaire.