Le président afghan Hamid Karzaï a défendu, dimanche, sa décision de démanteler les organisations privées de sécurité, réitérant qu'elles nuisaient aux forces policières et militaires du pays, tout en contribuant à la corruption.

Lundi dernier, M. Karzaï avait ordonné aux entreprises de sécurité afghanes et internationales de mettre fin à leurs activités sur le territoire national avant la fin de 2010. Cette décision avait été annoncée malgré les inquiétudes des États-Unis, qui croyaient que le court délai accordé par le président pouvait mettre en péril la sécurité de leurs projets de développement, qui est pris en charge par de telles entreprises.

L'OTAN utilise les firmes privées de sécurité pour surveiller les convois d'approvisionnement qui transportent la nourriture, l'eau, les munitions et d'autres équipements vers les bases militaires à travers le pays.

Les détracteurs de la décision de M. Karzaï arguent que les forces de sécurité de l'Afghanistan ne sont pas prêtes à assumer les responsabilités qui leur incomberont.

Mais Hamid Karzaï a déclaré à la journaliste Christiane Amanpour, sur le réseau ABC News, que les entreprises nuisaient aux efforts gouvernementaux pour le recrutement de policiers et de soldats car l'État ne pouvait concurrencer les firmes privées en matière salariale.

Le président afghan a aussi répété ses accusations quant à la contribution des firmes de sécurité à l'extorsion d'argent des entreprises de transport. Selon lui, certaines de ces sommes seraient destinées aux seigneurs de guerre et aux talibans, en échange de quoi ceux-ci assureraient une certaine protection.

Avant même l'annonce de sa décision par Hamid Karzaï, des enquêteurs du Congrès américain avaient étudié des allégations selon lesquelles les entreprises de sécurité afghanes extorquaient jusqu'à quatre millions de dollars américains par semaine de contracteurs payés par des fonds publics américains.

«J'appelle les contribuables américains à ne pas accepter que leur argent durement gagné ne soit gaspillé sur des groupes qui ne font pas qu'amener des désagrements au peuple afghan, mais qui sont aussi en contact avec des organisations criminelles et financent peut-être des insurgés et des terroristes à travers ces firmes», a affirmé Hamid Karzaï.

Le ministère afghan de l'Intérieur a délivré des permis à 52 entreprises de sécurité, mais certains contrats plus anciens continuent à être honorés par des firmes sans permis, selon les autorités militaires américaines. La moitié des entreprises de sécurité présentes au pays sont détenues par des Afghans.

Plus ou mois 37 entreprises travaillent avec le gouvernement des États-Unis. Celles-ci totalisent environ 26 000 agents de sécurité armés, dont la majorité travaille pour l'armée américaine. D'autres sont plutôt employés par l'Agence de développement international des États-Unis ou encore par son département d'État, ont indiqué les autorités militaires.

Hamid Karzaï affirme que les firmes de sécurité «constituent une structure de sécurité parallèle au gouvernement afghan» et harcèlent les civil du pays.

«Ils gaspillent des milliards de dollars de ressources et sont assurément un obstacle des plus sérieux au développement des institutions officielles de sécurité de l'Afghanistan», a-t-il ajouté.