Le cerveau du rapt et du meurtre en 2004 de Margaret Hassan, une travailleuse sociale britannique, s'est évadé il y a près d'un an de la prison d'Abou Ghraïb, a annoncé dimanche à l'AFP le vice-ministre irakien de la Justice Bouchou Ibrahim.

«Ce gars s'est échappé de la prison centrale de Bagdad le 10 septembre 2009. Il est parti. Des personnes ayant facilité son évasion ont été arrêtées et vont être traduites en justice», a-t-il déclaré.

La prison centrale de Bagdad est la nouvelle appellation de l'ancien centre de détention américain d'Abou Ghraïb. Il avait été fermé en septembre 2006 deux ans après le scandale des sévices infligés aux Irakiens par des militaires américains, avant d'être transféré aux Irakiens qui l'avaient rouvert le 22 février 2009.

Des accrochages avaient éclaté le 10 septembre entre des détenus et des gardes, qui étaient à la recherche d'objets interdits et de substances dangereuses, comme des couteaux ou de la drogue. Des coups de feu avaient été entendus. Le 11 septembre, un incendie s'était déclaré dans cette prison.

C'est la première confirmation officielle de l'évasion d'Ali Lutfi Jassar Ghaoui, condamné à la prison à perpétuité le 2 juin 2009 pour sa participation dans le meurtre de Margaret Hassan, qui avait suscité beaucoup d'émotion tant parmi les étrangers que les Irakiens.

Il n'est jamais apparu devant la Cour centrale criminelle de Bagdad depuis le début de son procès en appel en avril 2010. Dimanche, le tribunal a décidé de reporter l'audience pour la septième fois.

«Le juge a fixé une nouvelle audience au 19 septembre car la Cour centrale criminelle de Bagdad a envoyé une lettre au ministère de la Justice pour savoir où se trouve l'inculpé mais il n'a pas pour le moment reçu de réponse», a indiqué à l'AFP un avocat de la famille de Margaret Hassan.

Cet avocat avait indiqué en juillet: «Selon le juge, le directeur du service des transferts des prisonniers lui a indiqué qu'il avait officiellement disparu mais qu'officieusement il s'est enfui.»

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait exprimé sa «préoccupation» à son homologue irakien après cette disparition.

Margaret Hassan, 59 ans, avait été enlevée le 19 octobre 2004 et abattue un mois plus tard. Mariée à un Irakien et vivant depuis 30 ans dans le pays, Margaret Hassan, qui était née à Dublin, était responsable de l'association caritative internationale CARE en Irak. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Selon un avocat, elle avait été enlevée par un groupe d'insurgés «la brigade de la révolution de 1920», dirigée par Assad al-Hachemi, aujourd'hui en fuite.

La Cour centrale criminelle avait reconnu Ali Lufti Jassar Ghaoui coupable d'avoir participé «au rapt et au meurtre de Margaret Hassan et à une tentative de chantage sur sa famille».

L'accusé avait plaidé non coupable en première instance. «Tous mes aveux ont été arrachés sous la torture, je suis innocent», avait-il dit.