Une personnalité controversée proche du président Mahmoud Ahmadinejad dont il est chef de cabinet a déclenché l'ire des conservateurs qui lui reprochent des déclarations «païennes» sur la religion, ont rapporté samedi les médias.

«Il y a différentes interprétations de l'islam (dans le monde) mais notre compréhension de la réalité de l'Iran et de l'islam est l'école iranienne. Dorénavant, nous devons présenter au monde l'école de l'Iran», avait déclaré mardi Esfandiar Rahim Mashaie lors du congrès des Iraniens vivant à l'étranger.

Cette petite phrase de M. Mashaie a provoqué de violentes attaques de la part des conservateurs de son propre camp.

«Placer l'école de l'Iran face à l'école de l'islam est synonyme du nationalisme païen que le peuple iranien n'a jamais accepté», a déclaré l'ayatollah Ahmad Khatami lors de la prière du vendredi de Téhéran.

M. Mashaie avait dû renoncer au poste de Premier vice-président en juin 2009 après des attaques virulentes des conservateurs qui lui reprochaient d'avoir dit que l'Iran était «l'ami du peuple israélien».

M. Mashaie, fermement soutenu par M. Ahmadinejad dans cette crise, avait rejeté ces critiques en affirmant qu'il était fidèle à la position officielle de l'Iran qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël.

Plusieurs députés conservateurs ont demandé des comptes au président Ahmadinejad après les déclarations de M. Mashaie sur un islam «iranien».

«C'est une trahison par rapport à l'islam et à l'Iran. Le président doit clarifier sa position sur cet individu qui utilise des tribunes officielles pour exprimer des positions contre la Constitution, l'islam et l'Iran», a déclaré Ahmad Tavakoli, député conservateur très critique du gouvernement.

Les religieux conservateurs sont aussi montés au créneau derrière l'ayatollah Khatami. L'ayatollah Mohammad Yazdi, membre influent du pouvoir iranien, a violemment critiqué M. Mashaie pour avoir «encore une fois fait des déclarations erronées et inappropriées». «Il doit éviter de parler de l'islam et de l'Iran», a ajouté l'ayatollah Yazdi en jugeant «regrettable» que M. Mashaie reprenne les positions des «monarchistes et des groupes nationalistes».

M. Mashaie a rejeté ces critiques en affirmant que «la pensée iranienne et l'école de l'Iran sont le vrai islam», et en invoquant l'imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, à l'appui de cette affirmation.

M. Ahmadinejad a implicitement défendu son chef de cabinet en soulignant samedi matin dans un discours que l'Iran était «une voie et une école de pensée philosophique et religieuse avant d'être un territoire, une nation».

Les critiques du camp conservateur contre le gouvernement du président Ahmadinejad se sont multipliées ces dernières semaines, après plusieurs mois d'affrontements entre le parlement et le gouvernement sur de nombreux dossiers, notamment sociaux et économiques.

Plusieurs responsables ont directement attaqué M. Ahmadinejad pour ses positions jugées trop libérales, notamment sur les questions culturelles et en particulier le port du voile islamique.

Certains conservateurs, comme l'éditorialiste du quotidien Ressalat, ont même affirmé que M. Ahmadinejad et ses partisans voulaient créer un «mouvement conservateur sans la présence du clergé», présentant cela comme une déviation dangereuse.