Le ministère américain de la Défense «ne peut justifier de façon appropriée» de l'usage de 8,7 milliards de dollars de revenus du pétrole irakien affectés par les États-Unis à la reconstruction de l'Irak de 2004 à 2007, selon un audit officiel diffusé mardi.

La somme représente 96% des 9,1 milliards de dollars du Fonds de développement pour l'Irak (DFI), indique le bureau de l'Inspection générale spéciale pour la reconstruction de l'Irak (SIGIR), une instance fédérale dépendant conjointement du ministère de la Défense (DoD) et du département d'Etat.

Le rapport met lourdement en cause le DoD, dénonçant «l'absence d'instructions» comptables, et «des faiblesses dans le contrôle managérial et financier».

Faute de comptes dûment établis au département du Trésor, le DoD «n'a, par exemple, pas été en mesure de fournir de documentation expliquant comment il a dépensé 2,6 milliards».

Les résultats de ce «laxisme» comptable apparemment généralisé «a rendu les fonds vulnérables à de mauvais usages et à des pertes non détectées», écrivent encore les rapporteurs, qui n'évoquent toutefois pas de suspicion de détournement ou de fraudes.

Le DFI était issu du revenu d'hydrocarbures et du programme «pétrole contre nourriture» de l'ONU du temps du dictateur Saddam Hussein. Le fonds a été administré par le ministère américain de la Défense de mi-2004 à fin 2007, date à laquelle sa gestion a été reprise par le gouvernement irakien.

Le rapport recommande à Robert Gates, le secrétaire à la Défense, de désigner un responsable dont la mission sera «d'établir une politique d'usage des fonds et de la superviser».

Des recommandations en ce sens ont déjà été faites en octobre 2009, écrivent les rapporteurs, et n'ont été que partiellement suivies d'effet.

Le commandement central de l'armée américaine a déclaré, dans une réponse aux rapporteurs, que des documents relatifs à l'usage des fonds se trouvaient «sans doute» dans une base américaine, mais que les retrouver «demanderait un important travail de recherche dans les archives».

La stabilisation de l'Irak reste précaire. Les dirigeants politiques du pays ont échoué à constituer une coalition, quatre mois après les élections législatives de mars. Les attentats continuent aussi, malgré l'amélioration globale de la sécurité.

L'ensemble des troupes de combat américaines doit quitter le pays au 1er septembre.