Vingt personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi dans des affrontements opposant des rebelles chiites et des tribus du nord du Yémen, soutenues par l'armée, portant à 60 le nombre des tués depuis dimanche, ont indiqué jeudi à l'AFP des sources tribales.

Jeudi, les combats ont cessé mais la situation était tendue dans la région d'Al-Amichiya, au nord d'Harf Soufiane, fief des rebelles dans la province d'Amrane, où ces derniers encercleraient depuis dimanche un chef tribal, cheikh Saghir Aziz, et ses hommes, selon les sources tribales.

«De violents affrontements ont eu lieu dans la nuit entre des Houthis (rebelles) et des hommes de la tribu des Ben Aziz (...) faisant 20 morts», a affirmé à l'AFP une source tribale.

Les forces yéménites déployées dans la région sont intervenues pour faire cesser les combats, selon cette même source.

Les rebelles ont «utilisé différents types d'armes» pour tenter de prendre le «contrôle de plusieurs endroits et renforcer le siège des villages (des tribus des) Ben Aziz», a ajouté la source.

Le bilan de ces affrontements à Al-Amichiya s'élève désormais à 60 tués en cinq jours.

Une source tribale avait annoncé mercredi la mort de 20 membres des Ben Aziz dans des combats depuis dimanche «entre les Houthis et les partisans de cheikh Saghir Aziz», qui est également un député membre du Congrès populaire général (CPG - parti au pouvoir à Sanaa).

Pour sa part, la rébellion avait déploré la perte de 20 de ses membres dans ces combats, selon son porte-parole, Mohammad Abdessalam.

La situation était «calme» jeudi a dit ce porte-parole à l'AFP, affirmant que les rebelles «affrontent l'armée, et non pas les tribus comme veut le faire croire le gouvernement».

«Ce sont nos partisans et les tribus qui font face à l'armée, et non le contraire», a-t-il ajouté, assurant que la rébellion était prête à «accepter une médiation officielle ou tribale pour un arrêt des hostilités à condition que nous ayons la garantie que nous ne serons pas de nouveau attaqués».

Mardi, un dignitaire tribal, cheikh Zaïdane al-Moqannaï, son fils et quatre gardes du corps avaient été tués dans une embuscade tendue par des rebelles chiites dans la région de Mounabeh, au nord-ouest de Saada, le principal fief de la rébellion, selon l'agence officielle Saba.

D'après le porte-parole des rebelles chiites, trois de ses partisans avaient péri dans l'accrochage, portant à 9 le nombre des tués dans l'embuscade de mardi à Mounabeh.

Les affrontements dans le nord du Yémen, où une fragile trêve est en vigueur depuis février, se sont récemment intensifiés entre les rebelles chiites et les tribus soutenues par l'armée.

La trêve a mis fin à la «Sixième guerre» entre les rebelles, qui dénoncent une marginalisation politique, sociale et religieuse, et l'armée, dans un conflit qui a fait depuis 2004 plusieurs milliers de morts et quelque 250.000 déplacés.

Ce regain de tension laisse craindre le déclenchement d'une septième guerre dans le nord du Yémen, pays également confronté à un mouvement séparatiste dans le sud et à un renforcement de la présence d'Al-Qaïda.