Le chef du Hezbollah chiite Hassan Nasrallah a affirmé vendredi qu'Israël contrôlait «totalement» les télécommunications au Liban grâce à ses «espions», dont trois ont été arrêtés en l'espace de trois semaines.

«Il est désormais clair aux yeux des citoyens et des responsables libanais qu'Israël exerce un contrôle total sur l'ensemble des télécommunications du pays : la téléphonie mobile, le réseau fixe, (...) internet», a affirmé le leader du Hezbollah dans un discours diffusé sur grand écran dans un complexe appartenant au parti.

«Le pays est exposé (...) et les Israéliens obtiennent de nombreuses informations grâce à ce contrôle», a ajouté Hassan Nasrallah dont le discours était suivi par de nombreux sympathisants.

Trois personnes, dont deux employés d'Alfa, l'un des deux opérateurs de téléphonie mobile au Liban, ont été arrêtées depuis fin juin.

Selon Hassan Nasrallah, l'infiltration d'«agents» israéliens dans les télécoms aura une répercussion directe sur l'enquête du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé d'identifier et de juger les assassins présumés de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, en 2005.

«Tout ce qui est lié aux télécoms mènera à l'enquête», a-t-il dit.

«Les Israéliens qui se tiennent impuissants face à la solidité de la Résistance (Hezbollah) misent sur un nouveau projet, celui du tribunal international», a-t-il ajouté.

«Ils misent sur un acte d'accusation fabriqué (...) qui mettra en cause le Hezbollah», a assuré Nasrallah, dont le parti est classé comme organisation terroriste par Washington.

Un rapport préliminaire des enquêteurs internationaux avait révélé que des informations avaient été collectées grâce à des communications effectuées via des portables le jour de l'assassinat.

En mai 2009, un article du magazine allemand Der Spiegel a mis en cause le parti chiite dans l'assassinat de M. Hariri, citant des sources proches du TSL, qui s'est refusé à tout commentaire.

Depuis, les conjectures vont bon train et de nombreux rapports de presse ont évoqué la possibilité que le Hezbollah soit montré du doigt dans ce meurtre qui a plongé le Liban dans quatre années d'instabilité politique.

Le Liban et Israël sont techniquement toujours en guerre, et ceux qui collaborent avec l'Etat hébreu encourent une peine de prison à vie assortie de travaux forcés. Si le juge estime que cette collaboration a provoqué la mort de Libanais, il peut demander la peine capitale.

Depuis avril 2009, plus de 70 personnes, dont des responsables de la sécurité, ont été arrêtées au Liban.

Deux Libanais ont été condamnés à mort pour avoir «collaboré avec Israël et lui avoir donné des informations sur des cibles».

L'un d'entre eux a été reconnu coupable d'avoir fourni à l'Etat hébreu des renseignements sur des cibles précises pendant le conflit meurtrier qui a opposé Israël au Hezbollah à l'été 2006.

Vendredi, Hassan Nasrallah a appelé à l'application de la peine de mort à l'encontre de tous les «espions».