Israël se dit prêt à intercepter un cargo d'aide libyen en route pour Gaza si le bateau tente de forcer le blocus maritime du territoire palestinien, tout en s'efforçant de l'en dissuader, six semaines après l'abordage controversé d'une flottille humanitaire.

Selon la Fondation Kadhafi pour Gaza, qui a affrété le bâtiment, les autorités israéliennes ont lancé un ultimatum pour qu'il se détourne de son cap avant mardi minuit (17H00 heure du québec).

«Les autorités israéliennes nous ont donné jusqu'à ce soir minuit pour changer de direction vers le port (égyptien) d'Al-Arich. Sinon, elles menacent d'intercepter le bateau avec leur marine de guerre», a déclaré à l'AFP un représentant de la fondation libyenne à bord, Machallah Zwei, joint par téléphone satellitaire.

Selon M. Zwei, le capitaine du cargo a répondu que «la question va être étudiée par les responsables du navire avant de donner une réponse».

Le propriétaire grec du navire a fait savoir qu'il ne cèderait pas aux pressions tout en assurant qu'il n'avait «pas l'intention d'entrer dans une confrontation».

Un officiel israélien a indiqué dans la soirée que le capitaine avait consenti à changer de route et demandé le cap pour se diriger vers Al-Arich. Toutefois, la marine de guerre israélienne va continuer à surveiller le cargo pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une ruse, selon cet officiel.

Un porte-parole militaire israélien a démenti l'existence d'un ultimatum, ajoutant qu'Israël avait seulement «adressé (au navire) une clarification sur ce qu'il savait déjà, à savoir qu'il ne peut pas aller à Gaza».

«La marine israélienne a commencé des préparatifs pour arrêter le navire s'il tente de violer le blocus maritime», a par ailleurs confirmé l'armée.

Parti samedi soir de Grèce, le cargo Amalthéa devait accoster mercredi matin à Gaza.

«Nous avons expliqué aux autorités israéliennes que notre destination initiale était Gaza et que nous n'étions pas là pour faire de la provocation», a expliqué M. Zwei.

Selon la Fondation Kadhafi, une association caritative présidée par Seif Al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, l'Amalthéa est «chargé de deux mille tonnes d'aide humanitaire sous forme de nourriture et de médicaments».

Outre 12 membres d'équipage de diverses nationalités, neuf personnes (six Libyens, un Nigérien, un Marocain et un Algérien) sont à bord, selon l'agent maritime de l'Amalthéa.

Ces derniers jours, Israël a déployé d'intenses efforts diplomatiques pour que le cargo libyen détourne sa route vers l'Égypte mais a averti qu'il n'hésiterait pas à l'arraisonner s'il maintenait le cap sur Gaza.

Les pressions se sont accentuées mardi sur le propriétaire grec et le capitaine de l'Amalthéa afin de les pousser à changer de route.

«La Fondation (kadhafi) a reçu une lettre de la compagnie propriétaire du navire confirmant les pressions exercées sur eux», a affirmé l'organisation sur son site Internet, sans préciser la nature ou l'origine de ces pressions.

L'État hébreu, qui a dénoncé «une provocation superflue», espère prévenir une réédition du récent fiasco de sa marine dans les eaux internationales au large de Gaza.

Le 31 mai dernier, des commandos israéliens avaient intercepté une flottille humanitaire internationale qui s'efforçait de «briser» le blocus israélien, une opération mal préparée et exécutée qui a entraîné la mort de neuf militants turcs pro-palestiniens, soulevant un tollé dans le monde entier.

Les Israéliens, qui veulent escorter le bateau libyen dans leur port d'Ashdod (sud) pour y décharger sa cargaison, disent craindre l'importation massive d'armes et de matériel de guerre pour justifier leur blocus maritime de Gaza.

Toutefois, à la suite de l'incident du 31 mai, sous forte pression  internationale, Israël a assoupli son embargo terrestre contre Gaza en vigueur depuis la prise de contrôle du territoire par les islamistes du Hamas en juin 2007.