L'Iran est proche d'avoir les moyens de mettre au point une arme atomique, a estimé lundi le président russe, Dmitri Medvedev, une déclaration d'une rare fermeté de la part de la Russie sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

«L'Iran est proche d'avoir le potentiel qui, en principe, peut être utilisé pour créer une arme nucléaire», a déclaré M. Medvedev, selon Interfax, au cours d'une réunion à Moscou avec les ambassadeurs de Russie.

C'est la première fois que la Russie exprime ses craintes de manière aussi claire sur l'évolution du programme nucléaire iranien, alors que Moscou a durci ces derniers mois sa position à l'égard de Téhéran, deux pays traditionnellement alliés.

M. Medvedev a aussi regretté qu'un tel potentiel ne constitue pas en soi une violation du Traité de non-prolifération nucléaire: «C'est l'un des problèmes», a-t-il estimé, jugeant par ailleurs que «la partie iranienne ne se comportait pas de la meilleure des manières», selon les agences russes.

«Clarifier toutes les questions en suspens répondrait avant tout aux intérêts de l'Iran», a encore insisté le président russe.

Moscou a voté en juin, avec les autres grandes puissances du Conseil de sécurité de l'ONU, en faveur d'une quatrième série de sanctions financières et militaires contre Téhéran en raison du refus iranien de suspendre ses activités nucléaires sensibles, en particulier l'enrichissement d'uranium.

Les sanctions «ont un sens, c'est un signal destiné à stimuler le processus de négociations. Maintenant, il faut de la patience et une reprise rapide du dialogue avec Téhéran», a relevé par ailleurs le président russe.

«Si la diplomatie laisse passer cette chance, ce sera un échec collectif», a averti M. Medvedev, «nous appelons systématiquement Téhéran à faire preuve de l'ouverture et de la coopération nécessaires avec l'AIEA», l'Agence internationale de l'énergie atomique, a-t-il encore souligné.

L'Iran, qui affirme que son programme nucléaire a un objectif exclusivement  pacifique, a fait savoir la semaine dernière qu'il pourrait, sous condition, reprendre en septembre le dialogue avec legroupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne).

Le durcissement de la position russe à l'égard de l'Iran coïncide avec le rapprochement russo-américain initié par les présidents Medvedev et Barack Obama, une politique que le locataire du Kremlin a de nouveau vanté mardi.

«Les vestiges de la guerre froide appartiennent de plus en plus au passé, nous n'avons pas le droit d'interrompre le processus visant à établir des relations de compréhension mutelle entre les grandes puissances que sont la Russie et les États-Unis», a estimé M. Medvedev.

Cette déclaration intervient alors que Moscou et Washington sortent tout juste d'un scandale d'espionnage rocambolesque qui s'est soldé par le premier échange d'espions entre les deux pays depuis la fin de la guerre froide.