Israël considère être parvenu samedi, grâce la pression diplomatique, à empêcher une nouvelle tentative de briser par mer le blocus de la bande de Gaza, évitant ainsi de renouveler le fiasco sanglant de la flottille du 31 mai.

En Grèce, d'où devait partir l'Amalthéa, un navire battant pavillon moldave et affrété par une organisation libyenne, un agent maritime a affirmé en fin d'après-midi que le cargo devait désormais faire route vers le port d'Al-Arich, en Égypte.

Le ministère israélien des Affaires étrangères avait déclaré plus tôt avoir multiplié les efforts pour faire échouer cette traversée vers la bande de Gaza, une initiative d'une organisation caritative dirigée par Seif Al-Islam Kadhafi, le fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.

«Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman s'est entretenu à plusieurs reprises ces derniers jours avec les ministres des Affaires étrangères de Grèce et de Moldavie et ils se sont entendus sur la question du navire libyen», a indiqué le ministère dans un communiqué.

Il a estimé «qu'en raison de ces pourparlers, le cargo n'atteindra pas Gaza».

Le ministère grec des Affaires étrangères a confirmé des contacts entre les deux pays mais s'est refusé à tout commentaire sur leur issue.

Selon des responsables israéliens, les autorités moldaves sont entrées en contact avec le capitaine de l'Amalthéa, qui a accepté de dévier le navire vers Al-Arich.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a contacté samedi le chef du renseignement égyptien Omar Souleimane, lui demandant «si l'Égypte accepterait le navire dans le port d'Al-Arich», ont indiqué ses services, sans préciser la réponse du Caire.

«Tous les documents de bord sont en ordre. Ils indiquent comme destination le port égyptien d'Al-Arich», a déclaré en fin d'après-midi Petros Arvanitis, l'agent maritime de l'Amalthéa, précisant que le départ était prévu à 17h00 (10h00 à Montréal).

Vendredi, un membre d'équipage avait indiqué que le navire devait appareiller samedi du port de Lavrio (60 km à l'est d'Athènes) pour faire route vers Gaza.

La Fondation Kadhafi pour le développement, de Seif Al-Islam Kadhafi, avait indiqué que le cargo était «chargé de deux mille tonnes d'aide humanitaire sous forme de nourriture et de médicaments».

Dans une lettre au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, l'ambassadrice d'Israël aux Nations Unies Gabriela Shalev a demandé samedi une intervention de la communauté internationale pour empêcher le navire d'approcher Gaza, selon le site internet du quotidien Haaretz.

Une flottille internationale pro-palestinienne transportant du matériel humanitaire pour Gaza avait été arraisonnée le 31 mai par la marine israélienne dans une opération lors de laquelle neuf Turcs avaient été tués.

Israël assure que ses commandos ont utilisé la force pour se défendre après avoir été attaqués à l'arme blanche par les activistes turcs.

Deux commissions israéliennes sont actuellement chargées d'enquêter sur l'affaire suite au tollé international qu'elle a provoqué: une «commission publique indépendante» qui travaille sur les aspects juridiques de l'assaut et une autre de l'armée.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a de son côté exigé «une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux».

À l'époque, Mouammar Kadhafi avait accusé les États-Unis de «financer» Israël et d'être ainsi responsables de l'assaut contre la flottille qu'il avait qualifié de «crime odieux».

Après le tollé suscité par ce raid, Israël a assoupli le strict blocus imposé à Gaza depuis juin 2007, date depuis laquelle l'enclave palestinienne est sous la coupe du mouvement islamiste Hamas.

Cinq convois ont accosté à Gaza depuis août 2008 et quatre autres ont été arraisonnés par les forces israéliennes.