Un kamikaze à moto a tué au moins 65 personnes vendredi en faisant exploser sa bombe devant les locaux de l'administration, au coeur d'un marché très fréquenté du nord-ouest du Pakistan, pays en proie à une vague d'attentats perpétrés par les talibans alliés à Al-Qaïda.

L'attaque a été commise à Yakaghund, un village du district tribal de Mohmand, non loin de la frontière afghane et l'un des bastions des talibans pakistanais et de combattants étrangers d'Al-Qaïda, a rapporté un journaliste de l'AFP sur place.

Le kamikaze à moto a fait exploser sa bombe devant le portail d'une maison qui fait office de bureau de l'administration locale située au coeur d'un regroupement de nombreuses petites échoppes.

«La cible n'est pas claire, ce pourrait être l'administration locale ou bien des membres d'un groupe (de leaders tribaux) chargés de négocier la paix (avec les talibans), et qui ont l'habitude de se réunir dans mon bureau tous les vendredi», a expliqué à l'AFP Rasool Khan, le chef de l'administration locale. Il avait auparavant assuré qu'il était la cible.

«Le bilan est de 65 morts et 112 blessés», a-t-il indiqué. Des secouristes tentaient encore dans la soirée de déblayer les décombres de plusieurs échoppes dévastées.

Le bureau de l'administration a été endommagé, tout comme un mur d'une prison attenante et de nombreuses échoppes en boue séchées pour la plupart se sont effondrées, a rapporté le journaliste de l'AFP. Selon la police, 28 détenus se sont évadés, essentiellement des délinquants.

«Nous pensons qu'il y a eu deux explosions, celle due au kamikaze et une autre peut-être d'une voiture piégée déclenchée à distance», a assuré M. Khan.

«Les gens hurlaient, il y avait des morceaux de corps partout», a témoigné par téléphone Raj Wali, un employé de la voirie de 23 ans.

Le Mohmand est l'une des places fortes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), principal groupe d'insurgés islamistes au Pakistan.

Le TTP qui a fait allégeance à Al-Qaïda dès sa création en décembre 2007, est, avec des groupes qui lui sont liés, le principal responsable d'une vague de quelque 400 attentats            -suicide pour la plupart- qui ont fait près de 3500 morts dans tout le pays ces trois dernières années.

Les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, sont le fief des talibans pakistanais, le principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde, et la base arrière des talibans afghans.

Le gouvernement a promis cette semaine, sans toutefois en fixer la date, une conférence nationale pour améliorer la lutte antiterroriste après un double attentat suicide qui a fait 43 morts et plus de 170 blessés il y a une semaine dans un mausolée très fréquenté abritant le tombeau d'un saint de l'islam soufi à Lahore, dans l'est du pays.

Les talibans avaient nié être à l'origine de cette double attaque, assurant qu'ils ne visaient que l'armée, la police et les autorités dans leur campagne d'attentats.

Le 28 mai déjà, plus de 80 personnes avaient péri à Lahore dans les attaques simultanées menées par des kamikazes lourdement armés de deux mosquées d'une secte très minoritaire de l'islam, les ahmadis, durant la grande prière du vendredi.

Washington considère les zones tribales pakistanaises comme la «région la plus dangereuse du monde». La CIA y mène une intense campagne de tirs de missiles à l'aide de drones, qui a tué de nombreux combattants islamistes --talibans pakistanais et afghans- et cadres du réseau d'Oussama ben Laden, mais aussi des civils selon les militaires pakistanais.