Israël a autorisé lundi l'accès à Gaza de biens de construction destinés à des projets de la communauté internationale approuvés par l'Autorité palestinienne, une initiative saluée par les acteurs internationaux et les ONG qui attendent désormais des actes.

En application de l'engagement pris le 20 juin par le gouvernement israélien de faciliter l'entrée de tous «les biens à usage civil» dans le territoire palestinien, le ministère des Affaires étrangères a publié deux listes de produits dont l'accès sera contrôlé.

Selon le ministère, tous les produits qui ne «figureront sur aucune des deux listes seront autorisés à être acheminés sans permission spécifique à Gaza», une enclave pauvre et surpeuplée contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas et dont plus de 80% de la population dépend de l'aide étrangère.

La première liste, de «produits soumis à une autorisation spécifique», porte sur les armes et munitions, les biens susceptibles d'être utilisés à des fins militaires, ainsi que des produits chimiques, engrais, etc.

La seconde liste énumère diverses catégories de ciment, gravier, acier, fer, asphalte, ainsi que certains types de véhicules et de bois de construction.

«Bien que de tels articles puissent être utilisés par le Hamas à des fins militaires (construction de bunkers, fortification positions et creusement de tunnels), Israël permettra leur entrée à Gaza afin d'y faciliter des projets de construction approuvés par l'Autorité palestinienne et mis en oeuvre par la communauté internationale», selon le communiqué du ministère.

Jusqu'à présent, Israël n'autorisait qu'au compte-gouttes l'acheminement de tels matériaux destinés à des projets supervisés par des agences internationales.

Le Hamas a critiqué l'initiative israélienne. «Il s'agit d'une manoeuvre visant à tromper l'opinion publique. Ce qu'il faut, c'est mettre fin complètement et sans restrictions au siège de Gaza», a déclaré à l'AFP Ismaïl Radwane, un dirigeant du mouvement à Gaza.

Mais la Maison Blanche s'est félicitée de la décision israélienne, la décrivant comme une «étape importante» vers l'allègement du blocus de Gaza en place depuis quatre ans, de même que la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton qui a parlé «d'un nouveau pas significatif».

L'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) Tony Blair s'en est aussi félicité mais a souligné que «l'application sera la clé».

«Des milliers de produits qui n'étaient pas disponibles par les canaux légaux devraient à présent entrer. Cela créera un contrepoids à l'économie des tunnels, qui était sous le contrôle du Hamas», a-t-il ajouté dans un communiqué.

M. Blair, de même que le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, et des ONG ont invité Israël à faciliter aussi la circulation des personnes, ainsi que les exportations.

M. Serry a espéré que les mesures israéliennes permettraient «une augmentation substantielle de la quantité de matériaux de construction entrant dans Gaza». Il a dit «attendre avec impatience de poursuivre les discussions sur les exportations pour stimuler l'économie de Gaza et sur l'allègement des restrictions au mouvement des Palestiniens».

La directrice de l'ONU israélienne Gisha, Sari Bashi, a exprimé peu avant la diffusion de la liste son «inquiétude que la réglementation du ciment pour les organisations internationales ne perpétue le type de retards constatés ces dernier mois».

Israël a annoncé l'allègement du blocus sous intenses pressions internationales après la mort de neuf Turcs dans l'assaut de sa marine le 31 mai contre une flottille d'aide internationale qui tentait de forcer ce blocus.