Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou espère donner une image plus sereine de ses relations avec le président Barack Obama mardi à la Maison-Blanche après le sérieux coup de froid du précédent sommet en mars.

Sur le fond, en revanche, les analystes ne s'attendent à aucune percée dans la mesure où les deux dirigeants ne disposent aujourd'hui que d'une marge de manoeuvre limitée, chacun pour des raisons de politique intérieure.

Au menu des discussions figureront les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens et l'échéance du gel provisoire de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie qui expire en septembre.

Parmi les autres dossiers: la levée partielle du blocus israélien de la bande de Gaza et le nucléaire iranien.

Sous pression internationale, Israël a fini par alléger son embargo à la suite du raid contre une flottille humanitaire pour Gaza qui a fait 9 morts parmi les passagers d'un ferry turc le 31 mai. L'opération a provoqué une grave crise avec Ankara, un autre allié stratégique de Washington.

En outre, le gouvernement israélien a décidé dimanche d'étendre les compétences de la «commission publique indépendante» chargée d'enquêter sur l'affaire de la flottille.

A propos du processus de paix, M. Netanyahu va insister auprès de Barack Obama sur la nécessité de passer des discussions indirectes à des «négociations directes».

Les Palestiniens ont suspendu le dialogue direct en décembre 2008 après l'offensive israélienne contre Gaza. Depuis début mai, des discussions ont repris via le médiateur américain George Mitchell mais elles n'ont débouché sur rien pour le moment même si Washington a fait état de «progrès».

Un haut responsable palestinien a affirmé dimanche à l'AFP «n'être au courant ni n'avoir été informé d'aucun progrès». «Ils (les Américains) s'efforcent de créer un climat positif pour contribuer à faire de la visite de Netanyahu un succès», a-t-il estimé sous couvert de l'anonymat.

Toutefois, signe qu'un dialogue se poursuit, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak doit rencontrer lundi le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad.

Lors de sa dernière visite à Washington, M. Netanyahu avait eu droit en mars à un accueil glacial à la Maison Blanche après l'annonce par Israël de la construction de 1 600 logements dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est annexée.

Cette fois, l'atmosphère devrait être plus chaleureuse. «Le plus important pour les Etats-Unis ce sont les apparences. Fondamentalement, c'est une administration qui veut faire bonne figure et montrer qu'elle parvient à quelque chose», explique le spécialiste du Proche-Orient Barry Rubin.

M. Netanyahu avance néanmoins en terrain miné.

Le président Obama souhaite qu'il prolonge le gel de la colonisation en Cisjordanie au delà de la fin septembre.

Mais les faucons de la coalition au pouvoir en Israël sont opposés à toute extension du moratoire, et, plus généralement, à toute concession aux Palestiniens.

«Une prolongation du gel est hors de question», a répété le ministre des Sciences Daniel Hershkowitz, représentant d'un parti national-religieux au gouvernement.

M. Netanyahu reste dans le vague sur cette question. Toutefois, à la veille de son voyage à Washington, il a manoeuvré pour empêcher qu'une commission ministérielle adopte un projet de loi qui aurait rendu obligatoire l'aval du Parlement pour toute prolongation du gel, un texte susceptible d'irriter la communauté internationale.

«Je subodore qu'Obama va faire tout ce qu'il peut pour obtenir de Netanyahu ce qui pourrait ressembler à un engagement en faveur d'une prorogation du gel», estime l'analyste Jonathan Spyer.

«Netanyahu va faire attention à ne rien céder, tout en restant vaguement gentil, mais sans rien donner de concret», prédit M. Spyer.