La chirurgie plastique est en croissance au Liban. Et avec l'été qui bat son plein, plusieurs touristes, majoritairement d'origine libanaise, mais aussi en provenance des pays du golfe Persique, profitent des vacances pour passer sous le bistouri.

Maha est professeure à l'université. Aujourd'hui âgée de 34 ans, elle a subi deux chirurgies plastiques: une opération au ventre et une autre aux seins. 

«J'ai eu trois enfants, explique-t-elle. Après la naissance de mes jumeaux, c'était une nécessité. Je me sentais laide après la grossesse. Ces opérations sont très courantes ici. Je connais beaucoup de gens qui ont eu recours à la chirurgie esthétique.»

Le Liban est en quelque sorte devenu la Mecque de la chirurgie plastique dans la région. Autant les Libanais que les étrangers profitent des prix compétitifs qu'offre le pays du Cèdre pour faire quelques «retouches» à leur visage ou à leur corps. Depuis quelques années, une banque libanaise octroie même des prêts à taux avantageux spécifiquement pour ce type de dépense.

«La demande a beaucoup augmenté depuis cinq ans, confirme le Dr Roger ElKhoury, chirurgien à la Beirut Beauty Clinic. Le culte de la beauté est presque banalisé, c'est davantage associé au bien-être.»

Tourisme esthétique

Plusieurs facteurs expliquent selon lui la popularité du Liban pour ces opérations: l'accessibilité, la qualité des soins et la situation géographique du pays. De nombreux expatriés et touristes des pays du Golfe profitent des vacances pour passer sous le bistouri.

Zeina El Haj, une Libanaise qui vit à Dubaï depuis 17 ans, a lancé l'an dernier la première société spécialisée dans le tourisme esthétique au pays, en partenariat avec le ministère du Tourisme libanais.

«Beaucoup de gens voulaient avoir accès aux soins. Nous les aidons à venir au Liban en prenant leur rendez-vous et en répondant à leurs demandes», souligne la fondatrice d'Image Concept, de passage à Beyrouth.

L'entreprise ne cesse de croître, dit celle qui, pendant la haute saison, s'occupe de deux ou trois clients par semaine. «Mais on reçoit beaucoup plus de demandes», ajoute-t-elle. Elle leur trouve un hôtel, des tours guidés ou un chauffeur privé, selon les besoins.

Dernier recours

Pour les patients, visiter la ville avec un bandage sur le nez ne pose pas de problème, dit-elle. «C'est un peu comme s'ils s'étaient acheté le dernier gadget.»

Mais Image Concept se défend d'encourager les gens à avoir recours à la chirurgie.

«Nous ne faisons pas de promotion agressive. Nous répondons aux demandes. Je crois que la chirurgie devrait être un dernier recours, si la personne le veut vraiment», note Mme El Haj.

«C'est sûr que ce n'est pas une chirurgie nécessaire et que ça peut être dangereux. Ça doit être fait dans des conditions optimales. Il faut faire attention, il y a des marchands de chaussettes dans toutes les professions», ajoute le Dr ElKhoury.

Dix femmes pour sept hommes

Pourquoi la chirurgie esthétique est-elle si populaire au Liban? La démographie y serait pour quelque chose, avance Sarah Mallat. L'étudiante à la maîtrise en sociologie à l'Université américaine de Beyrouth s'est penchée pour sa thèse sur l'intérêt des Libanaises pour la chirurgie.

«Au Liban, il y a un important exode de cerveaux des jeunes hommes, dit-elle. Les jeunes femmes restent derrière. Certaines études disent qu'il y a un homme pour cinq femmes, mais je crois que c'est un peu exagéré. Ce serait plutôt dix femmes pour sept hommes. Et les jeunes femmes croient vraiment qu'elles auront une plus grande chance de se marier si elles sont belles.»

Mais selon le Dr Elias Chammas du Hazmieh International Medical Centre, de plus en plus d'hommes seraient aussi adeptes de la chirurgie.

«Il y a environ 7 femmes qui viennent ici contre 3 hommes, dit-il. Mais c'est aussi parce que le nombre d'opérations disponibles pour les femmes est beaucoup plus élevé.» Cependant, beaucoup d'hommes se rendent à la clinique pour des implants capillaires, par exemple.