Le ministre américain de la Justice Eric Holder est arrivé mercredi à Kaboul pour rencontrer des responsables afghans et américains en vue d'améliorer notamment la coopération en matière de lutte contre la corruption, a annoncé le ministère de la Justice à Washington.

«La lutte contre la corruption et le soutien à l'État de droit en Afghanistan sont les priorités majeures de ce gouvernement et nous continuerons à aider le gouvernement afghan à créer et maintenir un système pénal auquel le peuple afghan a droit», a déclaré M. Holder dans un communiqué.

À la tête du ministère de la Justice, Eric Holder exerce notamment la tutelle de services comme la police fédérale (FBI) et l'Agence de lutte anti-drogue (DEA). La visite surprise de M. Holder intervient alors que la question de la corruption du gouvernement afghan crée de nouveau des dissensions entre Afghans et Occidentaux.

Le procureur général d'Afghanistan a accusé mardi l'ambassadeur américain à Kaboul de l'avoir menacé de perdre son poste s'il ne faisait pas arrêter un banquier qui serait impliqué dans des fraudes.

«Contre toutes les règles de bienséance diplomatiques, l'ambassadeur américain m'a dit: «si vous ne le mettez pas en prison, vous devez démissionner», a déclaré le procureur général Mohammad Is'haq Alko, citant une conversation avec Karl Eikenberry.

«Est-ce que les règles de bienséance diplomatiques autorisent à menacer de la sorte un procureur général?», a-t-il demandé.

Selon M. Alko, le parquet général n'a pas assez de preuves pour faire arrêter le banquier qui serait impliqué dans une affaire de corruption où apparaît le nom d'un ancien ministre afghan vivant en Grande-Bretagne après avoir échappé à un mandat d'arrêt.

Parallèlement, une élue américaine a bloqué lundi le versement de plusieurs millions de dollars d'aide à l'Afghanistan tant que son président, Hamid Karzaï, n'agirait pas contre la corruption.

Un collaborateur de Nita Lowey, représentante démocrate de New York, a indiqué que l'administration Obama avait demandé le versement de 3,9 milliards de dollars d'aide à l'Afghanistan pour l'année budgétaire 2011 qui commence en octobre. «Trop d'Américains souffrent de la conjoncture économique pour que l'on mette des dollars gagnés durement dans les mains de criminels étrangers», a-t-elle écrit dans un communiqué.

Le gouvernement afghan a réagi mercredi et rejeté les accusations «injustes» de l'élue américaine.

«Ce n'est pas nous. Ce sont les sociétés privées sous contrat» avec l'OTAN, a déclaré le ministre des Finances Mohammad Omar Zakhailwal.

Dans son édition de lundi, le Wall Street Journal avait révélé que plus de trois milliards de dollars avaient quitté illégalement l'Afghanistan au cours des dernières années. Selon le quotidien, cet argent liquide est officiellement déclaré avant d'être chargé dans des valises ou des palettes à bord de vols au départ de l'aéroport de Kaboul.

Le ministre des Finances a confirmé que plus de quatre milliards de dollars avaient quitté le pays illégalement depuis 2007, mais rappelé que sur les 20 milliards de dollars injectés par la communauté internationale, le gouvernement afghan n'avait le contrôle que d'un milliard.