Le soldat israélien Gilad Shalit devrait passer vendredi son quatrième anniversaire en captivité à Gaza, aux mains du mouvement islamiste Hamas, les chances de sa libération prochaine paraissant plus éloignées que jamais.

Paradoxalement, le sergent de 23 ans, dont on est sans nouvelles depuis octobre 2009, est toujours prisonnier alors qu'Israël a fini, sous le feu des critiques internationales, par alléger le blocus sur la bande de Gaza qu'il avait imposé après la capture de son soldat pour faire pression sur le Hamas.

Une décision qui a «déçu» sa famille qui ne cache plus son pessimisme.

«C'est un sentiment de déception et une impression très dure d'apprendre que le premier ministre (Benjamin Nétanyahou) accepte les pressions internationales sans prendre en compte notre fils», a regretté son père Noam.

Noam Shalit dénonce «l'échec du gouvernement actuel dans les efforts pour ramener mon fils à la maison».

«Quatre ans, deux Premiers ministres, deux ministres de la Défense, deux chefs d'état-major ont échoué, ils ont échoué à ramener Gilad», a-t-il déclaré à l'AFP.

Quant au grand-père, Tzvi Shalit, 86 ans, qui a rencontré mardi M. Netanyahu pendant plus de trois heures, il a avoué à la sortie de l'entretien qu'il n'était «pas optimiste». L'octogénaire, qui a perdu un fils lors de la guerre israélo-arabe de Kippour (1973), a exhorté le premier ministre à «sauver Gilad pour le ramener à la maison».

Israël et le Hamas se rejettent la responsabilité de l'échec des dernières négociations sur un échange de prisonniers -Shalit contre un millier de détenus palestiniens-, menées par le biais de l'Égypte et d'un médiateur allemand, après qu'un accord ait paru proche en décembre dernier.

Gilad Shalit, qui a la nationalité française, a été enlevé le 25 juin 2006 à la limite de la bande de Gaza lors d'un raid revendiqué par les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, et deux autres groupes armés palestiniens.

Depuis, le Hamas n'a autorisé aucune visite de la Croix-Rouge. Il a accepté uniquement de transmettre une vidéo en octobre 2009, dans laquelle l'otage apparaissait lucide, qui avait été précédée d'un message audio (2007) et de deux lettres.

En avril dernier, un dessin animé de propagande diffusé sur le site Internet des brigades al-Qassam montrait un Noam Shalit vieilli recevant le cercueil de son fils, façon de laisser entendre que le soldat israélien pourrait mourir en captivité si aucun échange de prisonniers n'était conclu.

La famille Shalit continue à faire campagne en Israël et à l'étranger pour obtenir la libération du jeune homme.

Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé à plusieurs reprises «l'engagement permanent de la France pour une libération prochaine» de Gilad Shalit.

Des milliers de personnes ont participé à une manifestation de soutien mardi à Paris et un rassemblement doit se tenir jeudi à Rome en présence de Noam Shalit.

Ce dernier organise à partir de dimanche une marche à travers Israël entre la maison familiale dans le nord et la résidence de M. Netanyahu à Jérusalem.

Le quotidien israélien distribuera vendredi des rubans jaunes, appelant les Israéliens à afficher leur solidarité avec la famille Shalit.

Enfin, un concert gratuit est prévu la semaine prochaine près de la frontière de la bande de Gaza avec la participation de l'Orchestre philharmonique d'Israël et de son directeur musical Zubin Mehta.

«Je fais ce que je peux faire: me battre pour Gilad», ne cesse de répéter Noam Shalit depuis quatre ans.