Douze soldats tués en deux jours, tensions étalées dans la presse entre la Maison-Blanche et le commandant américain des troupes de l'OTAN: l'unité des forces internationales en Afghanistan est mise à mal alors qu'elles sont engagées dans des offensives cruciales dans le sud.

Deux soldats de l'Otan ont été tués mardi dans le sud de l'Afghanistan, au lendemain d'une journée noire pour les forces internationales qui ont perdu dix militaires dans un crash d'hélicoptère et des attaques, a annoncé l'Otan dans un communiqué.

Les deux soldats, dont la nationalité n'a pas été révélée, ont péri dans deux attaques distinctes menées par les insurgés dans le sud du pays. 

L'OTAN connaît ainsi l'un des mois les plus meurtriers pour ses troupes depuis le chute des talibans fin 2001, avec 67 morts en juin. Au total, 287 militaires étrangers sont morts dans le cadre des opérations militaires en Afghanistan depuis le début de l'année, selon un décompte établi par l'AFP à partir du site indépendant icasualties.org.

Depuis 2005, l'insurrection des talibans s'intensifie considérablement et chaque année s'achève sur un nouveau record de pertes dans les rangs des troupes étrangères comme pour les civils afghans.

Mais avec la mise en place d'une nouvelle stratégie de contre-insurrection fin 2009, le lancement d'une vaste offensive en février à Marjah, dans la province du Helmand - la plus importante depuis la chute des talibans - et l'opération en cours à Kandahar, les forces internationales ambitionnent d'inverser le cours de la guerre.

Mais les révélations de la presse aux États-Unis sur le général américain Stanley McChrystal, commandant des forces internationales en Afghanistan, et le départ anticipé de Kaboul de l'envoyé spécial britannique posent la question de l'unité au sein de la coalition et de l'adhésion à la stratégie voulue par le président américain Barack Obama.

Dans un long portrait du magazine américain Rolling Stone, le général McChrystal se moque vertement du vice-président Joe Biden et se dit «trahi» par l'ambassadeur à Kaboul. Le général s'y moque de M. Biden, connu pour son scepticisme face à sa stratégie en Afghanistan. «Vous allez m'interroger sur Joe Biden ?», demande-t-il en riant. «Qui est-ce?»

Il égratigne également le président américain, revenant sur les frictions apparues entre l'armée et la Maison-Blanche à l'automne dernier au moment où Barack Obama mûrissait sa décision concernant l'envoi de renforts, comme le préconisait le général McChrystal.

Le général dit avoir trouvé cette période «pénible».

Départ 

Parallèlement, le Foreign Office a annoncé le départ pour un «congé de longue durée» de l'émissaire spécial de la Grande-Bretagne en Afghanistan et au Pakistan, Sherard Cowper-Coles. Ce départ intervient avant la tenue d'une importante conférence internationale à Kaboul le 20 juillet organisée par le président afghan Hamid Karzaï et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Selon le quotidien britannique The Guardian, Sir Sherard, l'un des diplomates britanniques les plus expérimentés, était en conflit avec les responsables américains et de l'OTAN à propos de la stratégie: Il estimait que la lutte armée contre les insurgés était vouée à l'échec et plaidait pour des pourparlers de paix avec les talibans.

Ces révélations - du pire effet pour les forces internationales - interviennent quelques jours après une critique en règle des journalistes par le Pentagone accusés de noircir le tableau dans sa couverture du conflit.

«Nous sommes loin d'être parfaits. Nous avons beaucoup de chemin à faire dans ces domaines», avait estimé le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

«Mais l'idée qu'il n'y a pas eu de progrès effectués est erronée», avait-il ajouté, soulignant que les journalistes avaient en fin de compte une vision incomplète du conflit.