Le gouvernement allemand a dénoncé dimanche le refus d'Israël de laisser le ministre allemand du Développement Dirk Niebel se rendre à Gaza le même jour.

L'intéressé a fustigé «une grande erreur de politique étrangère de la part du gouvernement israélien», dans un journal allemand et à la télévision.

«Je crois qu'Israël a besoin de transparence pour rendre crédible l'idée qu'il change de stratégie politique vis-à-vis de Gaza, et ma visite à Gaza aurait créé une telle transparence», a dit Dirk Niebel sur la chaîne de télévision publique ARD.

Le chef de la diplomatie Guido Westerwelle a «déploré la décision du gouvernement israélien» et rappelé que Berlin et l'Union européenne attendaient «la fin du blocus» de Gaza. Son ministère a souligné dans un communiqué que «le gouvernement s'est engagé à plusieurs reprises, y compris M. Westerwelle auprès de son homologue israélien, pour que cette visite ait lieu».

«Si nous ouvrions les portes de Gaza aux ministres de tous les pays, le Hamas utiliserait cela pour se légitimer», a rétorqué le porte-parole Yigal Palmor du ministère israélien des Affaires étrangères, sur ARD.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton avaient eux récemment pu se rendre à Gaza.

Arrivé samedi pour un voyage de quatre jours en Israël et dans les territoires palestiniens, M. Niebel devait rencontrer dimanche à Gaza des représentants de l'ONU. Israël a interdit ce voyage samedi.

Dirk Niebel s'est dit «navré qu'Israël ait tant de mal à comprendre en ce moment l'action de ses amis les plus fidèles». M. Niebel est le vice-président de la Société germano-israélienne et l'Allemagne est avec les Etats-Unis l'un des plus proches alliés d'Israël.

Le ministre allemand a dit son «plein soutien» à une résolution en préparation au Bundestag (chambre des députés) pour «augmenter la pression politique sur Israël».

L'Allemagne, en raison de son passé nazi, ménage généralement beaucoup les Israéliens. Mais les prises de position sévères se sont multipliées, comme ailleurs, à l'égard de l'Etat hébreu, après l'assaut israélien le 31 mai d'une flottille internationale en route pour Gaza.

M. Niebel a estimé que dans les négociations avec les Palestiniens, il était «minuit moins cinq pour Israël» compte tenu notamment des protestations internationales après cet assaut, et qu'Israël devait utiliser toute occasion «de respecter l'heure».

Le gouvernement allemand va consacrer au total 42,5 millions d'euros à la coopération germano-palestinienne en 2010, cet argent servant notamment à des travaux d'hydraulique, a indiqué le ministère du Développement.

M. Niebel a rencontré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Il devait aussi inaugurer à Naplouse (Cisjordanie) le site de construction d'une station d'épuration de l'eau, financée par des fonds allemands, et avoir des entretiens à Jérusalem lundi et mardi.