Pressé de desserrer l'étau sur la bande de Gaza, Israël a confirmé dimanche la levée de l'embargo sur tous les «biens à usage civil», tout en maintenant son blocus maritime pour empêcher l'importation de matériel de guerre dans ce territoire palestinien.

«A partir d'aujourd'hui, il y a un feu vert pour que tous les biens puissent entrer à Gaza sauf les équipements militaires et le matériel susceptible de renforcer la machine de guerre du Hamas», le mouvement islamiste qui contrôle Gaza, a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental.

L'allègement du blocus prévoit que toutes les marchandises civiles ne figurant pas sur une liste de produits interdits (comprenant les armes, le matériel militaire ou les équipements susceptibles d'être exploités à des fins guerrières) pourront entrer à Gaza, a précisé un communiqué officiel.

Israël va également autoriser l'entrée de quantités plus importantes de matériaux de construction, mais uniquement pour des projets approuvés par l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, tels que des écoles, des établissements médicaux, des stations d'épuration de l'eau.

Les restrictions visent à empêcher le Hamas d'utiliser le ciment ou le gravier pour construire des «bunkers», ou de se servir des tuyaux pour fabriquer des roquettes.

Israël s'engage aussi à accroître l'activité des points de passage entre Israël et la bande de Gaza afin d'augmenter le trafic des marchandises par voie terrestre.

Toutefois, Israël continuera à obliger tous les bateaux à destination de Gaza à stopper dans le port israélien d'Ashod pour contrôler leurs cargaisons, maintenant ainsi le blocus naval de l'enclave palestinienne.

L'annonce israélienne fait suite à une rencontre entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'envoyé spécial du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) Tony Blair.

Le Quartette s'est félicité de la décision qui «devrait permettre de changer radicalement le flux de marchandises et de matériaux dans la bande de Gaza».

En revanche, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a jugé les mesures israéliennes insuffisantes. «Il faut tout faire pour alléger les souffrances des habitants de la bande de Gaza», a commenté Nabil Abou Roudeia.

Jeudi dernier, le cabinet de sécurité israélien avait fixé les principes d'un allégement du blocus imposé depuis quatre ans à la bande de Gaza.

La décision officielle israélienne intervient à la suite de multiples pressions internationales pour desserrer le blocus imposé à la bande de Gaza, qu'a tenté de briser une flottille d'aide multinationale arraisonnée par l'armée israélienne le 31 mai. L'opération a coûté la vie à neuf passagers turcs, déclenchant indignation et protestations dans le monde.

La Maison Blanche a aussitôt apporté son ferme soutien à la décision d'Israël, estimant qu'elle allait permettre d'améliorer le quotidien des Gazaouis.

Elle a fait savoir en même temps que M. Netanyahu serait reçu par le président Barack Obama le 6 juillet à Washington.

M. Netanyahu avait remis sa venue aux États-Unis prévue initialement le 1er juin après avoir dû écourter une visite officielle au Canada à la suite du raid israélien contre la flottille humanitaire.

Selon la radio militaire, l'annonce israélienne a «facilité» l'organisation de cette rencontre entre les deux dirigeants qui s'étaient quitté en froid lors de la dernière visite de M. Netanyahu à la Maison Blanche le 24 mars.

Le blocus de Gaza continue néanmoins de susciter des frictions entre Israël et la communauté internationale.

Le gouvernement allemand a dénoncé dimanche le refus des autorités israéliennes de laisser le ministre allemand du Développement Dirk Niebel se rendre à Gaza le même jour.

Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a souligné que Berlin, comme toute l'UE, attendaient «la fin du blocus» de Gaza.