Le président afghan Hamid Karzaï a remplacé, dimanche, deux de ses plus importants responsables de la sécurité. Cette annonce survient quelques jours après l'attaque à la roquette qui a perturbé la jirga, une grande assemblée sur la paix organisée par le président Karzaï.

Amrullah Saleh, qui était à la tête de la Direction nationale de la Sécurité depuis 2004, et Hanif Atmar, ministre de l'Intérieur depuis 2008, ont quitté leurs fonctions.

Ces départs tombent à un moment critique, alors que les États-Unis et l'OTAN se préparent à d'importants combats, cet été, et que le gouvernement afghan s'est engagé à faire la paix avec les insurgés.

Le bureau du président Karzaï a annoncé par voie de communiqué avoir accepté les démissions des deux hommes, ces derniers n'ayant pu fournir d'explications satisfaisantes pour éclaircir les circonstances entourant l'attaque. Celle-ci a par ailleurs déjà été revendiquée par les talibans, qui n'avaient pas été invités à la jirga.

Les dirigeants démissionnaires ont confirmé s'être entretenus pendant plus de deux heures avec le chef d'État, une conversation qualifiée de «dure» par M. Saleh. Il a ajouté que M. Karzaï lui avait confié avoir perdu confiance en la capacité des deux hommes d'assurer une supervision adéquate lors d'événements nationaux d'une telle envergure.

M. Atmar, pour sa part, dit avoir lui-même proposé sa démission à M. Karzaï.

Il est difficile de savoir si les pourparlers de paix visant à endiguer le soulèvement des insurgés ont causé des scissions au sein du gouvernement Karzaï. En effet, ses alliés Tadjiks et Ouzbeks de l'Alliance du Nord, qui ont combattu les talibans pendant des années, seront probablement moins chauds à l'idée de conclure une entente de paix que les Pachtounes, l'ethnie de Karzaï et celle de la majorité des insurgés.

De son côté, Candace Rondeaux, analyste principale du International Crisis Group sur la question afghane, estime que ces départs ont toutes les apparences de démissions forcées. Ils sont l'expression, selon elle, des inquiétudes qu'entretient l'administration Karzaï face à la loyauté des dirigeants qui occupent des postes clés en matière de sécurité au pays.

À son avis, cet événement aura forcément des retombées importantes au sein du ministère de l'Intérieur et de la Direction nationale de la Sécurité.

Le secrétaire de presse du Pentagone, Geoff Morrell, a quant à lui réitéré l'admiration de son organisation face au travail des deux démissionnaires. Il s'est dit confiant que le président Hamid Karzaï trouverait des remplaçants crédibles.