Les autorités yéménites ont arrêté au cours des deux derniers mois plus de 30 étrangers, dont trois Français, un Américain et un Britannique, dans le cadre de leur lutte contre Al-Qaeda, a indiqué dimanche une source au sein des services de sécurité.

Ces étrangers, dont deux Malaisiens, 5 Bangladais et 5 Nigérians, étaient venus apprendre l'arabe au Yémen, à l'instar du Nigérian auteur de l'attentat raté contre un avion de ligne américain le jour de Noël 2009, a ajouté cette source à l'AFP.

Les arrestations ont été opérées en avril et en mai à Sanaa et dans sa proche banlieue dans le cadre d'une campagne lancée par les autorités contre des suspects d'Al-Qaeda, a ajouté la même source.

«Certains ont été arrêtés sous le soupçon d'appartenance à Al-Qaeda et les autres sur la base d'une liste fournie par les services de renseignement américains aux autorités yéménites», a-t-elle poursuivi.

Elle a précisé que «la plupart des personnes arrêtées étaient venues au Yémen pour suivre des cours à l'Institut de Sanaa de langue arabe, où était inscrit le Nigérian, Umar Farouk Abdulmutallab», auteur de l'attentat manqué de Noël.

La même source a identifié l'un des trois Français arrêtés comme étant Jeremy Johnny Witter, précisant qu'il avait été interpellé fin mai à Sanaa où il était inscrit à l'Institut de Sanaa de langue arabe.

Jeremy Johnny Witter est né en 1986 à Orsay, au sud de Paris, selon une copie de son passeport, émis par le consulat de France au Caire, et dont l'AFP a pu voir une photocopie.

Il était arrivé en novembre 2009 au Yémen «avec l'intention d'apprendre l'arabe, alors qu'il maîtrise parfaitement cette langue» pour avoir séjourné pendant sept ans en Égypte, a-t-on indiqué de même source.

«Trois étudiants ont été arrêtés en mai dans l'enceinte de notre établissement», a confirmé à l'AFP un responsable de l'Institut de Sanaa, Abdel Rabb al-Jaradi, sans préciser leur nationalité.

Une Australienne, Shyloh Jayne Giddins, est également détenue depuis le 15 mai, avait indiqué mercredi à l'AFP son avocat à Sanaa, Abderrahman Barman, un militant de l'organisation non-gouvernementale Hood.

Des milliers d'étrangers, dont des Occidentaux, viennent étudier l'arabe ou l'islam au Yémen, dans des universités ou écoles religieuses échappant au contrôle des autorités et certains d'entre-eux se radicalisent.

Mais après l'attentat de Noël, revendiqué par Al-Qaeda dans la Péninsule arabique (Aqpa), ces établissements, dont l'Institut de Sanaa, ont perdu une partie de leurs étudiants, a indiqué M. Jaradi.

«Nous ne comptons plus que sept étudiants étrangers, dont une Australienne, qui se préparent à partir, alors que notre établissement comptait auparavant des dizaines d'étudiants», a-t-il expliqué, ajoutant avoir réduit le personnel de 10 à 3 employés.

«Depuis l'incident de Umar Farouk, nous n'avons reçu aucune nouvelle demande d'inscription», a-t-il déploré.

En janvier, les autorités avaient suspendu l'octroi des visas d'entrée aux étrangers dans les aéroports du Yémen, une mesure destinée selon elles à empêcher l'infiltration de «terroristes» dans le pays.

Les forces de sécurité yéménites ont intensifié leur campagne contre les activistes extrémistes, notamment depuis l'attentat raté de Noël.