L'un des derniers endroits où les colonnes de blindés américains sont encore visibles et où la guerre fait encore rage est la région du Nord, du côté de Mossoul, où les chrétiens sont en permanence pris pour cibles, au rythme d'environ deux assassinats par mois.

«Des gens tués uniquement parce qu'ils sont chrétiens», insiste le père Yusuf Mirkis, 60 ans, dominicain natif de Mossoul, qui, au plus fort de la guerre civile, alors qu'il ne pouvait même plus marcher en soutane dans la rue de son quartier de Bagdad, a eu le courage de ne jamais quitter la capitale et son couvent.

 

«Peu après l'arrivée des Américains, le balancier était parti trop fort du côté de la religion: il était presque de bon ton d'arborer toute une panoplie religieuse, raconte-t-il à propos des musulmans, tout simplement parce que l'immense vide politique avait été immédiatement rempli par une idéologie religieuse parfois extrêmement belliqueuse. Aujourd'hui, ainsi que ces élections semblent l'avoir montré, on refuse les slogans.»

L'éditeur de la revue La pensée chrétienne, docteur en théologie et créateur de la très dynamique «université ouverte» de Bagdad, qui accueille près de 200 personnes, dont des musulmans, est formel: «On nous tue, mais nous résistons en témoignant et, surtout, en restant ici.»

Très fier de nous montrer son dernier ouvrage, un impressionnant atlas des chrétiens d'Irak, Yusuf Mirkis conclut: «Même les terroristes fatiguent, alors soyons patients!»