Les talibans ont lancé mercredi à Kaboul des attaques, à la roquette et avec des kamikazes, sans parvenir à perturber l'ouverture d'une «jirga de la paix», assemblée traditionnelle réunie pour étudier les moyens d'enrayer l'insurrection en Afghanistan.

Deux kamikazes ont été tués par les forces de sécurité et un troisième capturé, selon les organisateurs de la jirga. Deux personnes, dont un civil, ont été blessées par des roquettes. Les assaillants étaient dissimulés sous des burqas, selon le ministère de l'Intérieur. Les travaux de la jirga, assemblée traditionnelle consultative réunissant des représentants des tribus et de la société civile, sous une immense tente dans une université de la capitale, n'ont pas été interrompus.

Un photographe de l'AFP a constaté que cinq roquettes avaient explosé, l'une près d'un grand hôtel à proximité du campus de l'université polytechnique où se tient la jirga, les autres non loin du bâtiment de l'université.

Les premières explosions ont retenti au moment même où le président Hamid Karzaï prononçait son discours d'ouverture. Il avait convoqué cette jirga dans le cadre de ses tentatives d'amener les talibans à la table de négociations.

M. Karzaï s'est interrompu brièvement et a ironisé: «quelqu'un essaie peut-être de tirer une roquette». «Soyez sans crainte, continuons», a-t-il ajouté, applaudi par l'assistance.

Plus tard, dans un appel téléphonique à l'AFP, les talibans ont revendiqué les attaques. «Quatre kamikazes sont montés au sommet d'un immeuble près de la tente de la jirga. Ils menacent la tente», a déclaré Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, précisant qu'ils utilisaient roquettes et armes légères et portaient des ceintures d'explosifs.

Le ministère de l'Intérieur avait annoncé quelques minutes plus tôt que la police avait encerclé des «terroristes» retranchés dans une maison près de l'université.

Les talibans, qui avaient dénoncé la jirga comme un outil de «propagande» des «forces d'invasion», ont multiplié, ces deux dernières années, les attaques commando et attentats suicide au coeur de Kaboul, la ville pourtant la plus sécurisée du pays, où sont déployés des dizaines de milliers de soldats étrangers et de policiers et militaires afghans.

Pour protéger la jirga, les autorités ont en outre dépêché spécialement 12.000 membres des forces de sécurité.

La session a débuté par une lecture du Coran devant 1.600 représentants d'ethnies, tribus, pouvoirs locaux et ONG, ainsi que des diplomates étrangers.

Cette assemblée traditionnelle est la troisième depuis la chute des talibans fin 2001. Les précédentes avaient visé à doter le pays d'un leader provisoire - Hamid Karzaï, élu depuis à deux reprises à la tête du pays - et d'une Constitution.

La «Jirga consultative nationale de paix» doit cette fois évoquer les mesures à prendre pour tenter de sortir le pays d'une guerre qui fait plus de morts chaque année parmi les civils mais aussi parmi les forces internationales.

«La responsabilité du gouvernement est de faire rentrer chez eux les talibans responsables de l'oppression, qui ont fui le pays et ont pris les armes», a déclaré M. Karzaï.

«Il y a des milliers de talibans dans cette situation (...) ce sont simplement des gens comme nous», a-t-il ajouté.

La communauté internationale a apporté son soutien à la jirga qui avait été précédée par l'annonce d'un plan de «réconciliation» du président Karzaï avec les talibans.

Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, a prédit une «période difficile» de négociations. 

«Chaque négociation difficile commence par une tentative d'un des côtés de montrer sa force», a estimé M. de Mistura.

«La seule solution est politique et la jirga de la paix le dira sûrement», a-t-il dit.