La Cour suprême irakienne a validé mardi la victoire aux élections législatives de mars du Bloc irakien du chiite laïque Iyad Allaoui, soutenu par la minorité sunnite, sur la formation chiite de l'actuel chef du gouvernement Nouri al-Maliki. Faute de majorité nette, les négociations sur la formation d'un nouvel exécutif peuvent encore durer des semaines, voire des mois.

Cette décision, annoncée à la télévision, pose cependant un jalon vers le règlement de la crise politique dans laquelle est englué l'Irak depuis le scrutin du 7 mars, et devrait ouvrir la voie à la mise en place d'un Parlement renouvelé.

Aucune des grandes coalitions n'ayant obtenu la majorité absolue de 325 députés, mais le Bloc irakien (Iraqiya) étant crédité d'une avance minime sur la coalition de l'État de droit de M. Maliki, les bulletins étaient comptés et recomptés depuis trois mois, tandis que défilaient les réclamations pour fraude et contestations en justice des résultats, la plupart du temps à l'initiative du Premier ministre actuel, désireux de se maintenir au pouvoir.

Le juge de la Cour suprême Midhat al-Mahmoud a déclaré que les résultats soumis le 26 mai par la Haute commission électorale indépendante étaient «fiables». Sur cette base, «nous avons décidé de ratifier les résultats définitifs des élections parlementaires générales de 2010», a ajouté le magistrat.

Le Bloc Irakien obtient 91 sièges, soit seulement deux de plus que l'État de droit de M. Maliki.

Le prochain gouvernement aura notamment la lourde tâche de superviser le départ des forces américaines d'Irak. L'armée américaine ne devrait plus disposer que de 50 000 soldats dans le pays d'ici à la fin août. Un accord de sécurité prévoit que tous les militaires américains auront quitté le territoire d'ici à la fin 2011.

La Constitution irakienne donne 15 jours au président Jalal Talabani pour convoquer la séance inaugurale du Parlement, lors de laquelle les députés pourraient élire un président de l'assemblée et un président de la république.

Le nouveau chef de l'État disposera alors à son tour de 15 jours pour demander au principal groupe parlementaire de nommer un Premier ministre et former un gouvernement, ce qui pourrait prendre des mois.

La Cour suprême a refusé le 25 mars dernier de dire si le principal groupe serait celui qui a remporté le plus de voix aux législatives ou s'il pouvait être constitué après le scrutin.

Or l'État de droit de M. Maliki a accepté de former une sorte de coalition «super-chiite» avec l'Alliance nationale irakienne, religieuse, pour contrôler ensemble 159 sièges au Parlement, soit quatre de moins que la majorité. La coalition «super-chiite» et le Bloc irakien risquent donc de se disputer le titre de groupe parlementaire principal.

L'ambassade des États-Unis à Bagdad a salué mardi la validation des résultats, à l'heure «où l'Irak entreprend ce qui sera une transition du pouvoir historique et pacifique entre un gouvernement élu et un autre». Désormais, a-t-elle ajouté dans un communiqué, ôôil est temps que tous les dirigeants politiques se rassemblent pour donner la priorité aux intérêts du peuple irakien dans leurs négociations sur la formation du nouveau gouvernement».