La «jirga» de la paix qui s'ouvre mercredi à Kaboul à l'initiative du président afghan Hamid Karzaï est une assemblée traditionnelle de chefs de tribus réunis en période de troubles pour rechercher des solutions et rétablir la paix.

La première «jirga» connue - assemblée en Dari et en Pachto - s'est déroulée en 1709 quand les leaders pachtounes ont voté la tentative de renversement d'un despote soutenu par les Perses.

Cette assemblée, convoquée par un chef tribal pachtoune de Kandahar, Mirwais Khan Hotaki, mena à la formation de l'Afghanistan, «terre des Afghans».

«Les jirgas ont un rôle très important dans la vie politique des Afghans», rappelle Haroun Mir, le directeur du centre d'études pour la recherche et la politique en Afghanistan.

«Elles étaient importantes quand l'Afghanistan manquait d'un gouvernement fort et centralisé, quand les gouvernements cherchaient le soutien des puissantes tribus», ajoute l'analyste.

Pendant des siècles, les jirgas ont réglé des questions d'importance nationale. La constitution reconnaît le rôle de certaines d'entre elles, les «loya jirgas», dont les décisions ont force de loi.

La deuxième jirga, en 1747, était l'une d'entre elles. Elle a installé un chef militaire, Ahmad Khan Abdali, au pouvoir. Devenu roi d'Afghanistan, Abdali a donné naissance à une puissante dynastie de pachtounes.

Depuis, les pachtounes, plus important groupe ethnique du pays, n'ont jamais quitté le pouvoir.

En 1916, la 5e jirga a débattu de la politique étrangère du pays et a fait le choix de la neutralité alors que Britanniques et Ottomans tentaient de s'attirer les faveurs de Kaboul.

En 1923, le roi Amanullah Khan a convoqué une jirga qui a approuvé la 1ère constitution écrite du pays. À cette occasion, la reine Sorya devint la première femme à participer à une jirga. Elle fit scandale en apparaissant le visage découvert.

En 1964, quand le dernier roi d'Afghanistan, Mohammad Zahir Shah, décida d'amender la constitution pour introduire la démocratie, une jirga fut encore convoquée.

Même les leaders communistes afghans convoquèrent des jirgas entre 1978 et 1980 pour tenter de légitimer leur pouvoir.

Et après la chute des talibans fin 2001, une jirga choisit Hamid Karzaï comme leader pour deux ans, avant l'organisation d'une dernière jirga en 2003 pour doter le pays d'une nouvelle constitution.