La conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) est parvenue vendredi à un accord, le premier depuis 10 ans, portant notamment sur le désarmement et sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Proche-Orient.

La conférence a adopté par consensus une déclaration de 28 pages qui prévoit quatre plans d'action sur chacun des trois piliers du Traité -désarmement, vérification des programmes nucléaires nationaux pour assurer qu'ils sont pacifiques et usage pacifique de l'énergie atomique- ainsi que sur le Proche-Orient dénucléarisé.

Sur ce dernier point, le document prévoit l'organisation en 2012 d'une conférence internationale, «à laquelle tous les États de la région sont censés participer et devant mener à l'établissement» d'une telle zone, ce qui implique la présence d'Israël et de l'Iran.

La sous-secrétaire d'État américaine chargée du contrôle des armements et de la sécurité internationale, Ellen Tauscher, a promis que les États-Unis oeuvreraient au succès de cette conférence.

«Nous nous attacherons, avec les pays de la région, à créer les conditions d'une conférence couronnée de succès», a-t-elle dit.

Mais elle a ajouté un bémol: «Nous notons toutefois que notre capacité à y parvenir est sérieusement amoindrie du fait que le document final singularise Israël dans sa section consacrée au Proche-Orient, ce que les États-Unis regrettent profondément.»

Le document affirme qu'il importe qu'Israël adhère au traité et place toutes ses installations nucléaires sous les garanties globales de l'AIEA» (Agence internationale de l'énergie atomique).

En revanche l'Iran n'est pas mentionné nommément, alors que les Occidentaux souhaitaient qu'il soit montré du doigt pour être en violation de résolutions de l'ONU exigeant qu'il suspende ses activités nucléaires sensibles et prouve le caractère civil de son programme nucléaire.

L'Égypte et l'Iran avaient mené campagne pour qu'Israël soit spécifiquement invité à rejoindre le TNP, ce qui signifierait que l'État hébreu renonce à son arsenal nucléaire, et pour qu'il accepte la création d'une zone sans armes nucléaires au Proche-Orient.

Israël, qui n'était pas présent à la conférence TNP, ne s'est pas exprimé.

Un responsable américain a émis des doutes sur les chances que la conférence sur le Proche-Orient dénucléarisé voie le jour.

«Je ne sais pas si la conférence aura jamais lieu», a déclaré Gary Samore, conseiller à la Maison-Blanche sur la non-prolifération, dans une conférence téléphonique depuis Washington.

Les États-Unis, qui ont accepté de co-parrainer cette conférence, ne veulent pas qu'elle échoue, mais ne parraineront l'événement que «si les conditions sont réunies», a précisé M. Samore.

Selon lui, le vice-président américain Joe Biden et le conseiller pour les affaires de sécurité nationale, le général Jim Jones, avaient dit aux ambassadeurs arabes à Washington que s'ils insistaient pour mentionner nommément Israël dans la déclaration du TNP, cela «rendrait beaucoup plus difficile pour Israël de venir à cette conférence.»

M. Samore a également émis des doutes sur la participation de l'Iran car le fait qu'il a ignoré les injonctions de l'ONU concernant son programme nucléaire «figurerait à l'ordre du jour.»

Israël, qui s'oppose à la création d'une zone sans armes nucléaires au Proche-Orient tant que la paix n'y règne pas, n'a jamais reconnu posséder l'arme atomique. Les États non nucléaires l'accusent d'échapper injustement aux mécanismes de vérification prévus par le TNP en n'en étant pas signataire.

L'ambassadeur d'Égypte à l'ONU, Maged Abdelaziz, a salué la conférence TNP pour «avoir enclenché un processus concret de mise en oeuvre de la résolution de 1995 sur le Proche-Orient». La conférence TNP de 1995 avait pour la première fois appelé à la création d'une telle zone.

Entré en vigueur en 1970, le TNP a servi de directive mondiale pour limiter la prolifération des armes nucléaires.

Reflétant l'atmosphère générale, un diplomate européen s'est félicité du succès de la conférence, estimant qu'après 10 ans d'impasse, le TNP se trouvait «revigoré».

Les puissances nucléaires et les autres s'étaient opposées sur la question d'une date butoir pour le désarmement.

Aux termes du compromis trouvé, aucune date n'est fixée mais les puissances nucléaires s'engagent à avancer «rapidement» vers le désarmement.