Un Arabe israélien a été inculpé jeudi d'espionnage au profit du Hezbollah chiite libanais par un tribunal de Haïfa, dans le nord d'Israël, selon l'acte d'accusation.

Amir Makhoul, 52 ans, est accusé de «contacts avec un agent étranger», «conspiration pour aider l'ennemi en temps de guerre», «aide à l'ennemi en temps de guerre», «espionnage aggravé» et «espionnage» au profit du Hezbollah, considéré par Israël comme une organisation terroriste, selon le document dont l'AFP a obtenu une copie.

M. Makhoul, arrêté le 6 mai, est le directeur de l'ONG «Ittijah», qui regroupe diverses associations luttant pour les droits de l'Homme au sein de la minorité arabe israélienne.

Son procès doit commencer le 21 juin, selon la radio publique.

Il est accusé d'avoir fourni des informations sur la localisation d'installations du Shin Beth -le service de sécurité intérieure- dans le nord d'Israël, de l'usine de Rafaël, une entreprise d'armement, des bâtiments abritant le Mossad -le service de renseignements- dans le centre du pays, ainsi que sur une base militaire.

Selon la radio militaire, il aurait aussi communiqué les noms de personnalités arabes israéliennes susceptibles de fournir des renseignements ainsi que des précisions sur les sites touchés par les roquettes tirées par le Hezbollah vers le nord d'Israël durant l'été 2006.

Israël a mené une guerre au Liban contre le mouvement chiite, conflit qui a fait plus de 1 200 morts côté libanais et plus de 160 côté israélien.

M. Makhoul, qui clame son innocence, a affirmé, selon l'organisation Adalah, avoir subi des mauvais traitements «physiques et psychologiques» durant les interrogatoires et avoir été privé de l'assistance de son avocat durant les 12 premiers jours de sa détention.

Adalah, le centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël, a dénoncé les «méthodes illégalement employées» contre M. Makhoul.

«Les accusions inventées de toutes pièces qui servent à des inculpations dans des affaires de sécurité sont devenues monnaie courante. L'objectif est de justifier l'isolement total et le recours à des méthodes illégales d'interrogation contre des détenus», a ajouté l'organisation dans un communiqué.

Selon la radio militaire, un deuxième Arabe israélien, Omar Saïd, un universitaire arrêté le 27 mai, devrait être inculpé jeudi par le tribunal de district de Nazareth de «contact avec un agent étranger» et d'avoir transmis des «renseignements à l'ennemi» à un agent du Hezbollah durant un voyage en 2008 en Europe.

La communauté des Arabes israéliens, descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'État hébreu en 1948, compte 1,2 million de personnes, soit près de 20% de la population totale d'Israël. Elle se plaint de discriminations.

Le mois dernier, un Arabe israélien âgé de 23 ans a été condamné à cinq ans et huit mois d'emprisonnement pour espionnage au profit du Hezbollah.