L'Irak va pouvoir récupérer les archives de la communauté juive et des millions d'autres documents qui ont été transférés aux États-Unis à la suite de l'invasion conduite en 2003, a affirmé jeudi à Bagdad, le vice-ministre de la Culture Taher Hamoud.

«Nous avons abouti à un accord après des négociations avec le Département d'État et le Pentagone pour le rapatriement des archives juives et de millions de documents qui ont été pris à la suite des évènements de 2003», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à son retour des États-Unis.

«Ces documents ont été disséminés entre la Hoover Institution (située à l'Université de Standford), le Département d'État et les Archives Nationales et nous avons négocié pour mettre au point un mécanisme de retour», a-t-il dit sans toutefois en préciser la date.

Selon lui, 48.000 conteneurs remplis de millions de documents et d'archives juives ont été transportés vers les États-Unis.

«Les archives juives sont très importantes, car c'est une partie essentielle de notre culture et elles mettent en lumière la vie de cette communauté en Irak», a-t-il dit.

Il ne reste plus de Juifs dans ce pays où ils ont vécu plus de deux mille ans. La quasi-totalité est partie à la création d'Israël, en 1948. En 1951, 120.000 Juifs, soit 96% de la communauté d'Irak, avaient émigré vers l'État hébreu. Les derniers ont suivi après 2003.

Selon le directeur du département des Musées au ministère de la Culture, Mohsen Hassan Ali, 27 caisses en métal et cinq grands cartons dans lesquels se trouvaient des livres en hébreu et des archives se rapportant à cette communauté, avaient été découverts en octobre 2003 dans la «zone verte», secteur ultra-protégé de la capitale contrôlé à l'époque par les forces américaines.

«Ils étaient très abîmés et même en état de décomposition car les forces américaines les avaient trouvés dans le sous-sol d'un bâtiment des services secrets irakiens qui était inondé à cause de l'éclatement des canalisations suite à des bombardements», a-t-il dit.

«En dépit de notre refus, les caisses sont parties aux États-Unis», a-t-il souligné.

La porte-parole des Archives nationales (NARA) américaines Susan Cooper, citée fin avril par le Washington Post, avait affirmé que son institution avait dépensé un million de dollars pour arrêter la dégradation des documents, mais que le coût total de la préservation des documents était en cours d'examen.

«Nous commencerons le mois prochain avec la partie américaine à répertorier les documents qui nécessitent une restauration préalable avant leur retour en Irak», a indiqué M. Hamoud.

Dans les archives de la communauté juive, 70% des documents sont en hébreu, 25% en arabe et 5% dans une autre langue.

«Nous avons trouvé des documents et des livres se rapportant à Israël et aux Juifs d'Irak. Il y a également des rouleaux de la Bible et des notes ainsi que des mémoires sur les familles juives d'Irak», a ajouté le vice-ministre.

Le directeur des Archives irakiennes Saad Iskander a révélé lui qu'avaient été également transférées aux États-Unis «les archives spéciales du Baas (parti au pouvoir sous Saddam Hussein, ndlr) car la CIA et le Pentagone cherchaient des documents sur les relations entre Saddam Hussein et Al-Qaeda, le terrorisme et les armes de destruction massives».