L'Irak a connu lundi sa journée la plus sanglante depuis le début de l'année avec la mort d'au moins 102 personnes dans des attentats ayant pris pour cible notamment des ouvriers et les forces de sécurité.

Ces violences, qui ont également fait plus de 300 blessés selon des sources hospitalière et des services de sécurité, surviennent alors que le pays est dirigé par un gouvernement qui expédie les affaires courantes plus de deux mois après les législatives du 7 mars.

Les attentats les plus sanglants ont frappé Hilla, à 95 km au sud de Bagdad. Deux voitures piégées garées dans le parking d'une usine de textile ont explosé à la sortie des employés. Quand les policiers et les ambulanciers sont arrivés sur les lieux, une troisième explosion s'est produite.

Au moins 39 personnes ont été tuées et 123 blessées, a indiqué un responsable de l'hôpital d'Hilla.

«Deux voitures ont explosé dans le parking de l'usine vers 13H30 (10H30 GMT) quand les ouvriers quittaient leur travail. Une heure plus tard, une autre bombe a explosé contre les services de secours», a affirmé à l'AFP un porte-parole de la police de la province de Babylone.

Selon une source du ministère de l'Intérieur, la troisième explosion a été provoquée par un kamikaze.

«Le gouvernement et l'usine sont responsables. Ils n'ont pas fourni de sécurité pour les bus (...). Nous sommes des cibles faciles», a dit à l'AFP Haïdar Ali, ouvrier de 35 ans en état de choc qui aurait dû se trouver dans un des bus touchés par les premières explosions mais a été retardé.

«Mes amis sont morts. Il n'y pas de sécurité», a déclaré la voix entrecoupée de sanglots, Ali Mohammed, 25 ans, assis sur le sol, les habits maculés de sang.

Quelques heures plus tôt, une bombe avait explosé près d'une mosquée chiite à Souwayra, à 60 km au sud de Bagdad.

Des passants ont accouru pour secourir les premières victimes quand une voiture piégée a explosé sur les lieux. Onze personnes ont été tuées et 70 blessées, selon une source policière.

En début de soirée, dix personnes ont été tuées et 71 blessées dans trois attaques à la voiture piégée plus au sud, à Bassora, selon une source policière. La première explosion s'est produite vers 18H00 (15H00 GMT) et les deux autres une heure plus tard, sur deux marchés fréquentés du centre de cette ville portuaire située à 450 kilomètres de la capitale.

À Bagdad, en matinée, des tirs et des attentats à la bombe ont visé pendant une heure et demie des points de contrôle militaires, faisant neuf morts et 24 blessés, en majorité des membres des forces de sécurité, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

«Il s'agit d'opérations coordonnées qui font partie des actions terroristes auxquelles doivent faire face quotidiennement les forces de sécurité», a dit le porte-parole du commandement militaire de Bagdad, Qassem Atta.

Selon lui, les assaillants étaient déguisés en ouvriers municipaux de la voirie et ont utilisé des armes munis de silencieux.

Parmi les autres victimes de cette journée figurent un civil et trois gardes du corps du maire de la ville de Tarmiya (45 km au nord de Bagdad), dont le convoi a été visé par une bombe. Le maire a été blessé dans l'attaque, avec 15 autres personnes.

Il s'agit des attaques les plus sanglantes en Irak depuis le 8 décembre quand au moins 127 personnes avaient perdu la vie dans cinq attentats à Bagdad.

Ces violences ont lieu alors que les résultats des législatives n'ont pas été validés par la Cour suprême, et que les partis, dont aucun ne dispose de la majorité absolue, n'ont pas réussi jusqu'à présent à s'entendre sur un nouveau gouvernement.

En avril, les autorités irakiennes et américaines avaient infligé un coup dur à Al-Qaeda en Irak après la mort des principaux chefs du groupe Abou Omar al-Bagdadi et Abou Ayyoub al-Masri.