Des détenus ont été violés, torturés à l'électricité et frappés dans une «prison secrète» à Bagdad, qui a ensuite été fermée, a affirmé mercredi dans un rapport l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).

Ces allégations rappellent les mauvais traitements infligés en 2004 à des prisonniers irakiens par une unité de l'armée américaine dans la prison d'Abou Ghraïb, près de Bagdad, et qui avaient révulsé l'opinion publique internationale. HRW indique avoir interviewé 42 hommes récemment transférés de la «prison secrète» vers le centre de détention de Roussafa, dans l'est de Bagdad, après des informations faisant état de mauvais traitements dans cette prison.

«L'horreur que nous avons découverte laisse à penser que la torture était la norme à Mouthana», centre de détention situé dans l'ancien aéroport de Mouthana, dans l'ouest de Bagdad, affirme Joe Stork, directeur adjoint du département Moyen-Orient de HRW.

Selon HRW, durant les interrogatoires, les enquêteurs pendaient par les pieds les prisonniers, les frappaient, les fouettaient et leur mettaient un sac en plastique sur le visage pour les empêcher de respirer.

«Quand ils s'évanouissaient, ils étaient ranimés par des chocs électriques sur leurs parties génitales et sur leur corps», ajoute le rapport.

Des détenus ont affirmé que les enquêteurs et les services de sécurité les sodomisaient avec des manches à balai ou avec leur pistolet.

Certains ont dû faire des fellations aux interrogateurs et aux gardes, assure le rapport. Les détenus étaient fouettés avec des câbles, brûlés à l'acide ou avec des cigarettes et ont eu les dents cassées.

Un détenu a raconté qu'un autre prisonnier décrit comme un médecin avait réclamé des soins d'urgence pour un codétenu victime d'une hémorragie cérébrale après avoir été torturé.

«Les gardiens ont sorti l'homme torturé de la cellule, et l'y ont ramené (peu après) disant qu'il allait bien. Il est mort une heure plus tard», a-t-il dit.

Interrogés le 26 avril dans le centre de détention de Roussafa, les détenus, originaires de la province de Ninive (nord) et soupçonnés d'être des insurgés, ont été arrêtés en 2009, selon le rapport.

«Le gouvernement doit poursuivre en justice tous les responsables de ces brutalités systématiques», a réclamé M. Stork, appelant à une enquête indépendante.

Après la révélation par le Los Angeles Times le 19 avril de mauvais traitements dans cette prison, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait annoncé sa fermeture.

Un porte-parole du ministère irakien des Droits de l'Homme avait indiqué vendredi dernier que ce centre avait été fermé vers la mi-avril, à la suite d'une enquête du ministère ayant révélé des mauvais traitements.

Le 19 avril, Amnesty International avait demandé aux autorités irakiennes d'enquêter sur les informations du Los Angeles Times.