Un haut responsable du Hamas à Gaza a critiqué un dessin animé, posté sur le site internet de la branche militaire du mouvement islamiste palestinien, laissant entendre que le soldat israélien Gilad Shalit, détenu par le Hamas, pourrait mourir en captivité.

Le chef du Hamas, Mahmoud al-Zahar, a affirmé que cette vidéo, diffusée dimanche et dans laquelle on peut voir le père de Gilad Shalit devant le cercueil de son fils, «n'exprime pas la position officielle du Hamas».

«Nous n'avons pas tué et nous ne tuerons pas des soldats israéliens capturés», a déclaré M. al-Zahar à des journalistes lors d'une rencontre avec des parlementaires sud-africains.

«Notre morale et notre religion nous interdisent de faire cela», a-t-il ajouté.

Le dessin animé, en 3D et qui dure trois minutes, visait apparemment à faire pression sur les autorités israéliennes dans le cadre des négociations pour obtenir la libération de centaines de Palestiniens détenus en Israël en échange du jeune sergent israélien.

Il dépeint le père du prisonnier, Noam Shalit, que l'on voit déambuler, devenant de plus en plus vieux, dans des rues désertes d'une ville d'Israël.

En off, on entend la voix réelle de son fils -des extraits d'anciens enregistrements de l'otage- exhorter le gouvernement israélien à obtenir sa libération en échange de détenus palestiniens.

À la fin du film, Gilad Shalit est remis aux Israéliens dans un cercueil entouré du drapeau israélien. Mais ce n'était qu'un mauvais songe: «L'espoir demeure», assure le narrateur.

Le message du dessin animé semble avertir Israël que si l'échange de prisonniers ne s'effectue pas rapidement, le sort de Gilad Shalit sera semblable à celui du pilote israélien Ron Arad, enlevé au Liban sud en 1986 et présumé mort en captivité.

«Nous prévenons la société sioniste que le soldat capturé par les Brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas) et d'autres factions palestiniennes connaîtra le même sort que celui du pilote sioniste Ron Arad, disparu sans laisser de traces», peut-on entendre sur la vidéo en hébreu et en arabe.

«Si la société sioniste veut récupérer Shalit en vie, son gouvernement doit payer le prix en relâchant les prisonniers palestiniens», explique le narrateur.

Dans un communiqué, le bureau du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vivement condamné «l'exploitation cynique par les chefs du Hamas des sentiments de la famille Shalit» qui «montre plus que tout le caractère terroriste de cette organisation».

Début mars, M. Netanyahu avait déclaré qu'Israël attendait toujours la réponse du Hamas à sa proposition de libérer des détenus palestiniens en échange de Gilad Shalit, dans le cadre de négociations indirectes conduites par un médiateur allemand sous les auspices de l'Égypte.

M. Netanyahu a déjà précisé qu'Israël avait accepté d'échanger des prisonniers palestiniens contre le sergent Shalit, âgé de 23 ans et qui a aussi la nationalité française, mais qu'il est opposé à la libération de certains Palestiniens «symboles du terrorisme», que réclame le Hamas.

L'État hébreu serait prêt à libérer 450 prisonniers palestiniens en échange de son soldat, kidnappé le 25 juin 2006 à la lisière de Gaza, en territoire israélien, par trois groupes armés palestiniens, dont l'un relevant du Hamas.

Toutefois, les négociations n'ont pas abouti jusqu'à présent.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, impute la responsabilité de l'échec des discussions à l'«intransigeance» d'Israël.