Washington a encore durci le ton mercredi face à la Syrie soupçonnée de livrer des missiles Scud au Hezbollah libanais, un diplomate assurant que «toutes les options» seraient ouvertes aux États-Unis dans ce cas.

«Si ces informations s'avèrent exactes, nous allons examiner toute la gamme des outils à notre disposition pour faire changer d'avis la Syrie», a affirmé Jeffrey Feltman, le secrétaire d'État adjoint pour le Proche-Orient, en dénonçant «ce qui serait une action extrêmement provocatrice».

«Les États-Unis ont montré par le passé que nous étions capables d'agir (...) Je pense que toutes les options seront sur la table à ce sujet», a-t-il poursuivi lors d'une audition devant le Congrès.

L'administration continue d'examiner les allégations selon lesquelles la Syrie a livré des missiles Scud au Hezbollah libanais, a déclaré de son côté le département d'État, au surlendemain de la convocation d'un diplomate syrien à Washington.

À l'origine de la controverse, le président israélien Shimon Peres a accusé Damas de fournir des missiles Scud à la milice libanaise. De telles armes seraient susceptibles d'atteindre l'ensemble du territoire d'Israël, trois ans et demi après la fin du conflit au Liban.

La Syrie, dont les relations avec les États-Unis se sont améliorées après plusieurs années de tensions, a nié les allégations israéliennes, accusant l'État hébreu de préparer le terrain «à une éventuelle attaque dans la région».

Interrogé sur la nature précise des informations dont disposeraient les États-Unis, M. Feltman a laissé entendre à des parlementaires de la commission des Affaires étrangères qu'il ne souhaitait pas aborder cette question lors d'une audience publique.

Selon le quotidien Politico, le président démocrate de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, aurait présenté des documents secrets au président syrien Bachar al-Assad lors d'une visite à Damas en avril.

La crise survient au moment où le Sénat examine la nomination, par le président Obama, d'un nouvel ambassadeur américain en Syrie. S'il est confirmé, Robert Ford sera le premier ambassadeur américain à Damas depuis 2005.

M. Feltman a souligné au Congrès l'importance de cette nomination, gage selon lui d'un dialogue plus direct avec la Syrie, que les États-Unis tentent d'éloigner de son alliance avec l'Iran.

Le diplomate a reconnu la longue liste des désaccords majeurs entre les États-Unis et la Syrie. Damas, notamment, soutient bon nombre des ennemis de l'administration américaine, de l'Iran au Hezbollah en passant par le Hamas palestinien et d'ex-responsables du parti Baas irakien.

Mais l'administration Obama reste convaincue, a-t-il argué, qu'une meilleure relation avec Damas peut contribuer à stabiliser la région.

«Nous sommes déterminés à clarifier le choix pour les Syriens», a-t-il expliqué aux parlementaires: «Une voie les conduit à contribuer à un Proche-Orient plus ouvert, prospère et en paix. Une autre mène à la poursuite de la stagnation et de l'instabilité».

Des représentants du Congrès américain ont néanmoins déposé mercredi un projet de résolution pour renforcer les sanctions contre la Syrie et demander au président Barack Obama de reconsidérer la nomination de M. Ford.

Le démocrate Eliot Engel et son collègue républicain Mark Kirk «condamnent le gouvernement syrien pour le transfert de missile au Hezbollah ainsi que d'autres armements sophistiqués», ont-ils indiqué dans un communiqué.

«Ce transfert d'armes (...) met en danger les vies américaines et israéliennes, déstabilise le Proche Orient et représente une menace existentielle pour Israël et l'indépendance du Liban», a dit M. Engel dans un communiqué.