Dans une région désertique du nord de l'Irak, à une heure un quart de voiture de Tikrit, la maison où se cachaient, selon les autorités, les deux chefs d'Al-Qaeda tués dimanche dans une opération irako-américaine au nord de Bagdad, n'est plus qu'un amas de ruines.

Le toit de cette construction de quatre pièces s'est effondré dans le raid aérien mené dimanche à l'aube, selon un journaliste de l'AFP qui s'est rendu mardi sur place.

«Nous avons vu des appareils américains bombarder la région de Jazira, à un kilomètre de notre maison, et puis des hélicoptères se sont posés et des soldats américains ont encerclé le secteur avant l'arrivée de véhicules militaires», raconte à l'AFP un paysan qui a refusé de donner son nom.

Lundi, le premier ministre Nouri al-Maliki et l'armée américaine ont annoncé que les deux principaux responsables de la branche irakienne d'Al-Qaeda avaient été tués la veille lors d'une opération conjointe près de Tikrit, berceau de la famille de l'ancien dictateur Saddam Hussein, au nord de la capitale.

Le chef politique du réseau, Abou Omar al-Bagdadi, et son chef militaire, Abou Ayyoub al-Masri, entretenaient des contacts suivis avec Oussama ben Laden, selon les autorités irakiennes qui ont saisi du matériel informatique.

«Nous sommes allés nous coucher samedi à minuit puis nous avons entendu le bruit des avions qui tournaient dans le ciel. Je suis ressortie et j'ai vu des faisceaux laser dirigés sur notre maison», affirme à l'AFP une femme qui habite à proximité du lac Tharthar.

«J'ai eu peur et je suis rentrée chez moi quand j'ai entendu de fortes explosions», raconte-t-elle.

 Dans les ruines de la maison, quatre uniformes militaires, six dishdashas (robes masculines traditionnelles) et des keffiehs sont éparpillés sur le sol. Plus étonnant, on trouve des robes et des sous-vêtements féminins neufs, ce qui laisse penser que les deux hommes vivaient là de manière plus ou moins régulière.

Des livres religieux, un poste de télévision, une antenne satellitaire, du matériel électronique, des chargeurs pour ordinateurs, un réfrigérateur sont visibles dans les ruines.

Une cache de deux mètres de large et trois mètres de profondeur, creusée à l'entrée de la maison, a été également mise au jour.

Selon l'armée américaine, le fils d'Abou Omar al-Bagdadi ainsi qu'un proche d'Abou Ayyoub al-Masri, tous deux impliqués «dans des activités terroristes», ont aussi été tués dans l'assaut.

Devant la maison, une fourgonnette remplie de tomates et de concombres est abandonnée. Elle devait permettre à ces deux dirigeants de circuler sans se faire remarquer.

Sur place, le lieutenant-colonel de police de la province de Salaheddine, Khalil al-Ramel, confirme que l'attaque de dimanche était une opération militaire terrestre combinée avec un raid aérien.

À proximité, des camions américains retirent la carcasse d'un hélicoptère. Le commandement américain en Irak avait annoncé lundi la mort d'un militaire quand son hélicoptère s'était écrasé lors de l'opération.