Le père de l'imam radical yéménite Anwar al-Aulaqi, que les États-Unis cherchent à éliminer pour ses liens présumés avec Al-Qaeda, a proposé à Washington de cesser de traquer son fils affirmant qu'en échange celui-ci cesserait ses déclarations anti-américaines.

«Que Washington cesse de traquer mon fils pour le capturer ou le tuer, et Anwar cessera de faire des déclarations ou des discours anti-américains», a affirmé Nasser al-Aulaqui dans des propos rapportés lundi par la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira.

Nasser al-Aulaqi est un ancien ministre yéménite de l'Agriculture et ancien recteur de l'université de Sanaa.

Mercredi, un responsable antiterroriste américain avait confirmé à l'AFP des informations selon lesquelles l'administration Obama avait donné son feu vert à l'élimination de l'imam Aulaqi, un ressortissant des États-Unis installé au Yémen.

L'influente tribu des Al-Awaliq, à laquelle appartient la famille de l'imam, avait réagi en affirmant qu'elle «ne demeurerait pas les bras croisés si l'on touche à un cheveu de cheikh Anwar al-Aulaqi».

Cette tribu, fortement armée et basée dans les provinces de Chabwa et d'Abyan (est) où se cacherait Anwar al-Aulaqi, a «mis en garde quiconque contre toute coopération avec les Américains» pour la capture ou la liquidation de l'imam.

Pour sa part, le vice-premier ministre aux Affaires de la Défense et de la sécurité, Rached Mohammed al-Alimi, a affirmé que les autorités recherchaient l'imam.

«Aulaqi figure parmi les personnes recherchées par les forces de sécurité. Il est pourchassé pour être arrêté», a affirmé le ministre dans des déclarations mises en ligne sur le site gouvernemental 26sep.net.

«Si le Yémen reçoit des preuves sur la culpabilité d'Aulaqi, l'État agira conformément à la Constitution et aux lois yéménites», a ajouté M. Alimi, laissant entendre que Sanaa était réticent à une possible liquidation d'Aulaqi par les Américains au Yémen.

«L'État ira chercher les personnes recherchées là où elles se cachent pour les présenter à la justice», a ajouté M. Alimi, en minimisant la capacité des tribus, pourtant très influentes au Yémen, à soustraire des suspects à la justice.

L'imam, soupçonné d'être lié à l'Al-Qaeda dans la péninsule arabique (Aqpa), a acquis une certaine notoriété pour avoir entretenu une correspondance par courriels avec le commandant américain Nidal Hassan qui a tiré en novembre 2009 sur des soldats à Fort Hood (Texas), faisant 13 morts. Il avait ensuite dit approuver cette attaque.

Il avait par ailleurs affirmé en février dans une interview à Al-Jazira que le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, accusé d'avoir tenté de faire exploser le vol Amsterdam-Detroit le 25 décembre, était son «disciple», mais qu'il n'avait pas lancé de fatwa (avis religieux) lui demandant de commettre cet attentat.

Il avait appelé le mois dernier dans un message audio les musulmans américains à se rebeller contre leur gouvernement.