Blessé le 6 mars dernier dans l'explosion d'une bombe artisanale, le caporal Darren James Fitzpatrick est devenu samedi le 141e soldat canadien à perdre la vie en Afghanistan. Sa mort survient quelques jours après qu'un officier supérieur américain eut révélé que les attaques du genre contre les troupes de l'OTAN ont doublé en 2009.

C'est le lieutenant-général américain Michael Oates, commandant du Joint IED Defeat Organization (JIEDDO), dont le rôle consiste à contrer les attaques d'engins explosifs artisanaux, qui fait ce constat.

 

Non seulement le nombre d'attaques augmente, dit-il, mais les bombes sont de plus en plus puissantes. En moyenne, chaque déflagration cause 50% plus de pertes (morts et blessés) qu'il y a trois ans, a-t-il fait remarquer devant un comité du Congrès américain.

Le lieutenant-général Oates a aussi reconnu que tout l'argent investi dans la recherche de technologies permettant de découvrir et de neutraliser les bombes artisanales ne permettra pas de résoudre le problème pour une raison qui peut paraître incroyable: les talibans utilisent des matériaux et des systèmes tellement simples que les bombes sont indétectables.

Trop rudimentaires

Les bombes composées de parties métalliques ou actionnées par ondes peuvent être repérées. Mais beaucoup d'autres, faites à base de fertilisants ou de gazole, sont trop rudimentaires pour être détectées.

Selon un article du Washington Post citant le lieutenant-général Oates, 80% des bombes artisanales sont détectées à vue. Par exemple, de la terre récemment remuée peut signaler qu'une bombe est enterrée.

L'article indique que, en 2009, 8159 attaques contre les militaires américains ont été faites à l'aide de bombes artisanales, comparativement à 3867 en 2008 et à 2677 en 2007.

Depuis trois ans, la majorité des soldats canadiens morts en Afghanistan ont été tués par des bombes artisanales. En 2009, ce fut le cas de 28 des 32 soldats canadiens qui ont perdu la vie dans ce pays.

Les Forces canadiennes comptent également des centaines de blessés depuis leur arrivée en Afghanistan, au début de 2002, dont plusieurs dans l'explosion d'un engin artisanal.

Efforts canadiens

Comme les Américains, les Canadiens déploient d'importants efforts et dépensent beaucoup d'argent pour faire échec aux bombes artisanales. Au fil des ans, ils ont fait sauter des engins sous des véhicules afin d'en analyser les effets, ils ont acquis des équipements nouveaux, ils ont recruté des démineurs de la marine et de l'aviation, etc. Tout récemment, l'organisme Construction de défense du Canada a accordé un contrat de 480 000$ pour l'aménagement, en Alberta, d'un centre d'essai pour la neutralisation des engins explosifs artisanaux.

Aux États-Unis, le Pentagone a alloué un budget de 3,5 milliards de dollars au JIEDDO en 2011 - il était de 2,3 milliards en 2010. Malgré cela, les bombes continuent à faire des ravages.

Membre du régiment d'infanterie légère Princess Patricia, le caporal Darren James Fitzpatrick en était à sa première mission en Afghanistan. Il a été blessé lors d'une patrouille à pied dans le district de Zhari, à l'ouest de Kandahar. Il est mort samedi, au lendemain de son transfert à Edmonton. Il avait 21 ans.