Près d'un demi-million d'Afghans, venus pour certains des quatre coins du pays, célèbrent, sous haute surveillance, dimanche à Mazar-i-Sharif, le Nouvel An persan, en faisant un voeu commun: qu'il leur apporte la paix.

Les mesures de sécurité étaient strictes dans la grande ville du nord du pays, traditionnel épicentre des festivités de Norouz, qui marque le premier jour du calendrier persan.

Cette fête, qui coïncide avec l'équinoxe de printemps, est célébrée en Iran et dans toute l'Asie centrale.

Quelque 4000 représentants des forces de l'ordre ont été déployés et tous les visiteurs sont inspectés aux sept postes de contrôle installés aux abords de la cité, a expliqué Abdul Rauf Taj, chef de la police municipale.

«Chaque personne, chaque véhicule qui entre dans la ville est fouillé», a-t-il ajouté, pour parer à d'éventuelles attaques d'insurgés, dans cette région parmi les plus paisibles du pays mais où l'activité des talibans augmente.

«Nous contrôlons parfaitement la sécurité», a insisté le responsable qui a déjà compté 10 000 voitures, transportant chacune entre 5 et 10 personnes. Au total, près d'un demi-million de personnes participent aux festivités, selon la police.

Les insurgés ont redoublé d'activité cette année dans le nord de l'Afghanistan, conséquence indirecte de l'intensification des efforts militaires internationaux pour combattre les talibans dans leurs fiefs du sud.

Après une série d'attaques mortelles coordonnées à Kaboul et Kandahar, au sud du pays, la tension s'est accrue, avec la crainte que les talibans profitent des festivités de Norouz pour attaquer les grands centres urbains.

La paix est au coeur des voeux exprimés par beaucoup de ceux qui ont fait le voyage jusqu'à l'époustouflante Mosquée bleue de Mazar-i-Sharif, tenue pour le tombeau du quatrième calife de l'Islam, Hazrat Ali.

Les talibans avaient interdit ces festivités lorsqu'ils tenaient le pays d'une main de fer entre 1996 et l'intervention militaire alliée de la fin 2001, même si Mazar-i-Sharif n'a jamais totalement été sous leur contrôle.

Depuis la chute des talibans, Mazar-i-Sharif, dont la mosquée est recouverte de tuiles turquoise, a cherché à regagner sa place éminente dans les célébrations de Norouz, un mélange de rites zoroastristes et de traditions afghanes, vieilles de plusieurs milliers d'année.

«Participer ici aux festivités de Norouz était l'un de mes voeux les plus chers», a témoigné Murtaza Rezayee, étudiant de la province de Daikundi, située au centre du territoire afghan. «Finalement, j'y suis arrivé».

Parvenir jusqu'à Mazar n'a pas été facile pour le jeune homme qui a dû traverser la dangereuse passe de Salang, théâtre de redoutables avalanches, dans lesquelles 170 personnes ont péri en février.

Murtaza a économisé pendant cinq ans et sa famille a dû vendre une chèvre pour lui permettre d'entrer dans l'an 1389 sous les bonnes grâces d'Ali.

«Je vais former un voeu», a-t-il dit: «et mon voeu le plus cher, c'est la paix pour l'Afghanistan. Juste la paix».

Besmiullah Abdul Saleem est lui plus pragmatique. Commerçant, il souhaite que l'économie reparte et que les affaires reprennent, comme après sa dernière visite.

«Je viens ici chaque année et grâce à Hazrat Ali mes affaires se portent très très bien», a-t-il expliqué. «Je lui dois tout». Mais lui aussi fait des voeux pour la paix. Selon lui, «tout Afghan la souhaite avant toute chose».