Des roquettes palestiniennes, dont l'une a tué un ouvrier agricole dans le sud d'Israël, suivies de frappes aériennes israéliennes sur Gaza ont jeté une ombre jeudi sur la visite de la chef de la diplomatie européenne dans le territoire palestinien et les efforts diplomatiques en cours pour relancer le processus de paix.

Un ouvrier agricole thaïlandais a trouvé la mort lorsqu'une roquette s'est abattue sur un kibboutz proche d'Ashkelon, non loin de la bande de Gaza, selon l'armée israélienne.

Dans la soirée, une deuxième roquette lancée de Gaza s'est abattue dans une zone inhabitée de la région d'Eshkol, sans faire ni victime ni dégât, selon l'armée israélienne.

Quelques heures plus tard, l'aviation israélienne a bombardé trois cibles dans la bande de Gaza, selon des sources sécuritaires palestiniennes et des témoins. Aucune victime n'a été recensée dans l'immédiat.

L'attaque à la roquette meurtrière a été revendiquée par un groupe salafiste de Gaza, Ansar al-Sunna, proche d'Al-Qaïda: «Un colon sioniste a été tué. Cette attaque jihadiste est la réponse à l'agression sioniste contre la mosquée Al-Aqsa, les lieux saints et notre peuple à Jérusalem».

Ce tir est survenu au moment où la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, effectuait une brève visite à Gaza pour rencontrer des représentants de l'UNRWA (agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) et d'ONG.

Mme Ashton s'est déclarée «extrêmement choquée par l'attaque et sa tragique perte humaine», appelant à relancer «dès que possible» les négociations israélo-palestiniennes.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a aussi condamné «un acte de terreur (...) «totalement inacceptable et contraire aux lois internationales».

C'est la première fois qu'une roquette tirée de Gaza fait un mort en Israël depuis la fin de l'offensive israélienne en janvier 2009.

Le vice-Premier ministre israélien Silvan Shalom a qualifié l'attaque d'«escalade sérieuse» et promis une réponse «adéquate et forte».

Au plan diplomatique, l'Autorité palestinienne a annoncé le retour de l'émissaire spécial américain George Mitchell dimanche au Proche-Orient. Un porte-parole du département d'Etat a confirmé à Moscou que George Mitchell allait retourner dans la région pour rencontrer Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas.

Attendu cette semaine pour lancer des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens, il avait dû retarder sa visite en raison du coup de froid diplomatique entre Israël et Washington.

Israël s'efforçait toujours de formuler une réponse aux demandes américaines d'éclaircissements sur la construction à Jérusalem-Est, alors que le président Barack Obama a démenti une crise entre les deux alliés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé jeudi soir Hillary Clinton, a annoncé à Moscou un porte-parole de la secrétaire d'Etat.

«Ils ont évoqué des actions spécifiques qui pourraient être prises pour améliorer l'atmosphère en vue de progrès vers la paix», a poursuivi Philip Crowley.

A Jérusalem, les services de Benjamin Netanyahu ont précisé dans un communiqué que le Premier ministre avait suggéré lors de la conversation «des mesures visant à établir un climat de confiance» qui pourraient être prises par Israël et les Palestiniens. M. Obama avait pressé les deux parties à prendre de telles mesures.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a par ailleurs auparavant exprimé sa «profonde estime» pour M. Obama à la suite de propos virulents de son beau-frère mercredi contre le président américain qualifié d'«antisémite».

Israël a suscité la colère des Etats-Unis en annonçant la semaine dernière, durant la visite du vice-président Joe Biden, la construction de 1 600 logements dans la partie orientale de Jérusalem annexée en 1967.

Selon les médias israéliens, Hillary Clinton a multiplié les pressions en ce sens sur M. Netanyahu. Elle aurait notamment exigé qu'il gèle la construction à Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent établir leur future capitale alors qu'Israël considère l'ensemble de la Ville sainte comme sa capitale «indivisible et éternelle».