La police israélienne a annoncé lundi le maintien de l'état d'alerte à Jérusalem-est et l'interdiction pour la quatrième journée consécutive de l'accès à l'esplanade des Mosquées aux hommes de moins de 50 ans.

Elle craint des manifestations violentes palestiniennes en protestation à l'inaugration officielle, lundi en fin d'après-midi, de la synagogue de la Hourva, dans le quartier juif de la Vieille ville, une cérémonie qui revêt un caractère éminemment politique dans un contexte de tension autour de Jérusalem-Est.

«Compte tenu du risque de troubles, nous maintenons l'état d'alerte et les restrictions d'entrée au Mont du temple (l'esplanade des Mosquées)», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

M. Rosenfeld a précisé qu'aucune restriction n'était appliquée aux musulmanes, mais que «l'entrée des visiteurs d'autres religions serait interdite».

Selon le porte-parole, quelque 2.500 policiers et gardes-frontières ont été déployés, principalement dans et autour de la Vieille ville.

Des restrictions avaient déjà été prises vendredi. Le 5 mars, de violents heurts sur l'esplanade des Mosquées, ont fait plusieurs dizaines de blessés dont 15 policiers. Depuis, des incidents sporadiques ont éclaté dans des quartiers à majorité arabe de Jérusalem-est.

La synagogue de la Hourva, l'un des hauts lieux de culte des juifs en Palestine avant la création de l'État d'Israël en 1948, a été entièrement reconstruite 62 ans après avoir été détruite par les Jordaniens lors de la première guerre israélo-arabe.

Erigée une première fois en 1694 et détruite 26 ans plus tard, d'où son nom de «Hourva» («ruine» en hébreu), cette synagogue reconstruite en 1864, était le centre de la vie juive dans la Jérusalem de la fin du 19e siècle.

Mais pour les Palestiniens, il s'agit d'une nouvelle provocation israélienne. «Ce n'est pas une simple synagogue», a accusé Hatem Abdel Qader, le responsable du dossier de Jérusalem au sein du Fatah, le mouvement du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

«Cette synagogue sera le prélude à la violence, à l'extrémisme et au fanatisme religieux, et cela ne se limite pas aux extrémistes juifs mais inclut des membres du gouvernement israélien», a-t-il ajouté.

La tension est encore montée la semaine dernière avec le feu vert donné par le ministère israélien de l'Intérieur à la construction de 1.600 logements dans la partie orientale de Jérusalem, dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale.

Jérusalem-est est au centre du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens veulent établir leur capitale dans la partie orientale de la Ville Sainte, alors que les Israéliens considèrent la ville dans son ensemble comme leur capitale «éternelle et indivisible».

C'est également à Jérusalem-est que se trouve l'esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l'islam. Appelé le Mont du Temple par les juifs, il est le site le plus sacré du judaïsme.

Enfin, l'armée israélienne a prorogé jusqu'à mardi minuit le bouclage total de la Cisjordanie imposé depuis jeudi minuit, interdisant l'entrée d'Israël et de Jérusalem-est aux Palestiniens de ce territoire occupé.