Israéliens et Palestiniens ont commencé lundi de difficiles négociations indirectes sous l'égide des États-Unis, dans un climat de doute, afin de remettre sur les rails un processus de paix bloqué depuis plus d'un an.

L'annonce de l'ouverture du dialogue est venue directement de Washington tandis que le vice-président américain Joe Biden démarrait une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens et que l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, achevait une nouvelle navette dans la région.

«A ma connaissance, (les négociations) ont commencé. Elles sont en cours. Pour ce qui est de leur contenu, George (Mitchell) est en train de rentrer (à Washington). Il rendra compte à la secrétaire» d'Etat Hillary Clinton, a déclaré le porte-parole du Département d'Etat, Philip Crowley.

Dans un discours à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est félicité de cette relance du processus de paix.

«Cela fait près d'un an que nous appelons à une reprise des négociations», a souligné M. Netanyahu.

Le Premier ministre a réaffirmé que tout règlement de paix devait se fonder sur deux principes: «La reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme Etat du peuple juif et des arrangements garantissant sa sécurité».

«Nous devons donner à ces pourparlers toutes les chances de réussite. Si les discussions se développent, nous sommes convaincus que nous pourrons surmonter les divergences et mettre fin au conflit», a plaidé pour sa part M. Biden dans une interview au quotidien israélien Yediot Aharonot.

George Mitchell doit se rendre à nouveau dans la région la semaine prochaine pour parler de «la structure et du champ» du dialogue indirect israélo-palestinien, dans l'espoir qu'il débouche sur des négociations.

Côté palestinien, le principal négociateur, Saëb Erakat, a averti que ces discussions indirectes étaient la «dernière tentative» pour parvenir à «une solution de deux Etats pour deux peuples» palestinien et israélien.

Interrogé dans la soirée par l'AFP, M. Erakat a souligné que les négociations proprement dites n'avaient pas encore démarré et que les Palestiniens «attendaient le retour de M. Mitchell, le 16 mars, pour comprendre et discuter du mécanisme des discussions indirectes».

L'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a accepté dimanche, avec des réserves, de mener pendant une durée limitée (quatre mois) des «négociations de proximité» avec Israël via le sénateur George Mitchell.

Si les Etats-Unis sont parvenus à franchir un obstacle majeur en arrachant cet accord aux Palestiniens, les analystes restent très sceptiques sur les chances de succès.

«La décision de passer par des discussions indirectes a été prise parce qu'il n'y avait pas de négociations directes. Cela ne veut pas dire que les résultats soient garantis», a estimé Ziad Abou Amr, un spécialiste palestinien en politique étrangère.

«Je m'attends à ce que le gouvernement (israélien) place des obstacles sur toutes les questions essentielles», a-t-il dit à l'AFP, en citant notamment le contentieux sur les colonies juives.

Quelques heures avant l'arrivée de M. Biden à Jérusalem, Israël a autorisé la construction de 112 nouveaux logements en Cisjordanie occupée, en dépit de son moratoire sur la colonisation, une décision vivement condamnée par les Palestiniens.

Israël a toutefois fait un geste lundi en direction de la communauté internationale en autorisant exceptionnellement le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, à entrer prochainement à Gaza via son territoire. La bande de Gaza, aux mains du Hamas islamiste, est soumise à un blocus israélien depuis juin 2007.