De violents incidents ont eu lieu dimanche autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, un lieu saint de l'islam, dans un climat déjà tendu par un projet controversé d'Israël d'inscrire à son patrimoine national deux sites sacrés de Cisjordanie occupée.

Les affrontements ont éclaté entre la police israélienne et des Palestiniens à la suite de rumeurs d'incursion de juifs extrémistes sur l'esplanade, au coeur de la Vieille Ville de Jérusalem.

Ils ont fait deux blessés dans les rangs de la police, selon le porte-parole de la police Micky Rosenfeld, qui a fait état de sept arrestations.

Une vingtaine de manifestants ont été blessés par des balles en caoutchouc ou incommodés par des gaz lacrymogènes, selon des sources palestiniennes.

«Le calme est globalement revenu dans la Vieille Ville et un millier de touristes ont pu visiter l'esplanade» des Mosquées, a affirmé M. Rosenfeld.

L'accès à l'esplanade a été interdit aux musulmans de moins de 50 ans.

Des heurts ont aussi été signalés dans le quartier de Ras el-Amoud, dans le secteur oriental à majorité arabe de la Ville sainte annexé en 1967.

La police avait pénétré en début de matinée sur l'esplanade des Mosquées à la suite de jets de pierre contre des visiteurs du site, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.

La tension s'est ravivée au cours des dernières heures dans la Vieille Ville en raison d'appels du Mouvement islamique israélien mettant en garde contre des projets prêtés à des juifs extrémistes de se rendre en force dimanche et lundi sur l'esplanade des Mosquées.

Les juifs célèbrent ce week-end Pourim, une des grandes fêtes du judaïsme.

«Les manifestants ont jeté des pierres parce que des colons (israéliens) avaient fait part de leur intention de pénétrer dimanche ou lundi à Al-Aqsa pour prier», a expliqué à l'AFP Adnane Husseini, un responsable du Comité islamique suprême de Jérusalem.

Appelée Haram el-Sharif («Le noble sanctuaire»), l'esplanade des Mosquées est le troisième lieu saint de l'islam, après La Mecque et Médine, en Arabie saoudite. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le Mur des Lamentations. Le mont du Temple est l'endroit le plus sacré du judaïsme.

Des échauffourées s'étaient déjà produites l'automne dernier lorsque des Palestiniens avaient protesté contre l'intrusion, selon eux, d'extrémistes juifs venus prier sur le site.

Ce regain de tension à Jérusalem survient alors que des heurts ont opposé ces derniers jours des Palestiniens à l'armée israélienne à Hébron (Cisjordanie), après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé d'inscrire deux lieux saints, le Caveau des Patriarches (Hébron) et le Tombeau de Rachel (Bethléem), au patrimoine national d'Israël.

Cette décision controversée, qui a soulevé des protestations internationales, continue de faire des vagues en Israël même.

Le président Shimon Peres, cité par le journal en ligne Y-Net, a appelé à la «prudence et à la retenue» tandis qu'un ministre travailliste, Binyamin Ben Eliezer, a qualifié la mesure d'«erreur».

L'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a dénoncé une «escalade très dangereuse» d'Israël par la voix d'Adnan al-Husseini, chargé des affaires de Jérusalem.

De son côté, à Gaza, le mouvement islamiste Hamas a exhorté la communauté internationale à «assumer ses responsabilités pour mettre fin à l'agression dangereuse» d'Israël.

Dans un communiqué, les Emirats arabes unis ont dénoncé «les attaques sauvages» par «des colons et des forces d'occupation» israéliens sur l'esplanade des Mosquées, accusant l'Etat hébreu de chercher à «judaïser la Ville sainte».